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Publié par Michel GODICHEAU

Il est toujours possible de  s'inscrire pour assister au colloque « Liberté de conscience, liberté pour la science » qui se tiendra à l'Espace  Culture de l'Université de Lille 1. les vendredi 16 et samedi 17 mai. On y débattra des conditions de la liberté de la recherche en Europe et j'aurai l'honneur  de le co-introduire. Un  médecin grec  y présentera d'ailleurs un problème « éthique » peu exploré : quels choix  dans le contexte  de la destruction d'un service de santé ?  

 A  ce sujet  j'ai (comme usager au sens large) , lu avec une attention soutenue le bulletin d'information mis à ma disposition  par l' Institut de Cancérologie de l'Ouest, qui résulte de la fusion du centre Paul Papin (Angers) et du centre René Gauducheau (Nantes). J'avais, très furtivement, donné  dans le passé quelques coups de main syndicaux à des camarades salariés du Centre et j'admire  le travail qu'ils font, parfois jusqu'à l'épuisement ; mais  l'écart entre ce bulletin et la réalité prouve qu'il ne faut pas toujours dire la vérité aux malades. Dont acte.

C'est un tic journalistique  qui a d'abord attiré mon attention, on y fait parler  des patients réel ou supposés  qui se félicitent de l'attention qu'on leur porte et des bienfaits de l'application  de la Charte  du malade hospitalisé  dans sa déclinaison cancérologie.

Première remarque, les patients s'appellent Claire, Françoise, Charles, Pauline, Alain,   Jean, ce qui s'explique par le fait que les Karim, Houria  et Abdellatif  sont naturellement protégés du cancer (Inch Allah!). Deuxième remarque :  la formule le  patient  « est au cœur des préoccupations de l'établissement » me rappelle celle de « l'élève au centre du projet éducatif ». Faites-donc une recherche Google sur cette expression, vous y rencontrerez le Secrétariat général  de l' Enseignement Catholique … et Ségolène Royal. Enfin, outre que la mise en page me rappelle vaguement Bayard-Presse, j'y retrouve  Jalmav  une fondation  qui « grâce à une étroite collaboration des soignants, des médecins, des représentants du culte, des bénévoles, des familles et des amis » jusqu'à la mort accompagne la vie (signification de l'acronyme). Les statuts de cette fondation « reconnue d'utilité publique » la disent « indépendante de toute religion ou confession », mais il suffit de faire une nouvelle recherche Google avec « Jalmav + action catholique » pour vérifier que c'est bien un partenaire régulier des diocèses. Bref l'eau bénite n'est jamais loin.

Quant au contenu informatif, la vérité oblige à dire que  la prise en charge globale que suggère le document  n'est guère au rendez-vous. C'est l'usine ici  et on applique des protocoles. L'application du Code de la Santé publique en fait partie. Pour le reste , l'information en temps réel, la prise en charge des soins infirmiers,  l'approvisionnement en médicaments, en prothèses, en transports, il vaut mieux que le patient traité en ambulatoire ait des ressources psychologiques ou un  environnement familial solides. Sauf peut-être quand Jamalv intervient, mais on est pas pressé.

Les raisons ? Les centres de cancérologie sont issus d'initiatives privées, sur la base des recherches de Marie Curie et Claudius Regaud ; la particularité de ces centres, liée à celle des pathologies traitées, est d'associer dans les mêmes lieux soins, recherche et expérimentation. Ce sont donc toutes les équipes qui gèrent ce processus en plus des contraintes hospitalières "normales". Mais il en est aussi d'autres. En termes capitalistes et en comparaison avec le 4° âge  et la dépendance, le marché  du traitement des cancers paraît mal organisé, peut-être trop  segmenté pour être uniformément profitable, si l'on excepte les médicaments. Le marché de la dépendance avec 32 milliards d'€ a une profitabilité bien supérieure à celui du cancer et son organisation a permis de dégager des offres de prise en charge intégrée tant en Ehpad, qu'en HAD, cliniques de soins de suite etc. Le marché du cancer avec 11 milliards d'€ est cependant un marché d'avenir ! Mais les capitalistes sont frileux ! Boursorama recommande aux investisseurs d'être présent sur le marché du cancer, « le segment le plus dynamique et le plus porteur en opportunités thérapeutiques pour les dix prochaines années ». Mais  il ne s'agit pour l'essentiel que des labos  qui pressionnent gentiment les Centres de Cancérologie  pour valider l'efficacité  de leurs molécules ou -plus souvent- de leurs nouveaux cocktails.  En revanche , contrairement  au marché de la dépendance, les principaux investisseurs institutionnels – les assurances- semblent ne s'y intéresser que médiocrement : on se demande bien pourquoi (nan, je rigole).

Mais pour cela il faudrait sans doute faire encore des gains de productivité dans les usines à cancers : par exemple en remplaçant le médecin proposé aux entretiens sans avoir eu le temps de lire votre dossier par un  call center :  « Vous avez des métastases ? Tapez 4 : vous allez être mis en relation avec un conseiller... » (après, en Grèce, on entend bip... bip... bip...bip...)

 

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