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Publié par Michel GODICHEAU

Les Actes du colloque "Liberté de conscience, liberté pour la science"  qui s'est tenu à Villeneuve d'Ascq  (Université de LIlle 1) en mai 2014, vont bientôt paraître (on peut toujours souscrire). J'y travaille d'arrache-pied, ce qui, comme vous le verrez ci-dessous est dangereux pour mon âme. Voici une réflexion que m'inspire la communication de Jean-Sebastien Pierre, président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée.

 

 

La marque japonaise ASICS (Anima sana in corpore sano) a remplacé un mot dans la formule de Juvenal ; dans la citation du poète latin de la fin du 1° siècle, elle a remplacé Mens (esprit) par Anima (âme). Or l'âme effectue un grand retour. Manuel Valls a t-il une âme ? Ca se vous taraude pas ? Tugdual Derville a t-il une âme ? Questions vertigineuses... Autre question corrélative : quel est le rapport entre l'âme et le pied ? En effet, apparemment, certains prétendent se muscler l'âme en attrapant des ampoules sur les chemins de Compostelle, il y a donc un rapport très étrange, et même ceux qui, disent-ils, n'ont pas d'âme car ils sont sécularisés (j'allais dire laïques, mais bon...), renforcent semble t-il volontiers leur « spiritualité laïque » sur les mêmes chemins de Compostelle. Ce qui semble suggérer que Mens et Anima se musclent à l'identique grâce à une déambulation guidée par le tropisme de l'apôtre Jacques.

 

Mais l'âme est fragile, celle des scientifiques par exemple, qui passent leur temps à renifler les fruits de l'arbre de la connaissance. Ainsi Gargantua écrivait-il à son fils Pantagruel :

 

« Mais par ce que selon le sage Salomon, Sapience n’entre point en ame malivole, & science sans conscience n’est que ruyne de l’ame.* Il te convient servir, aymer, & craindre dieu & en luy mettre toutes tes pensées, & tout ton espoir : et par foy formée de charité estre à luy adioinct, en sorte que iamais n’en soys desemparé par péché, ayes suspectz les abuz du monde & ne metz point ton cueur à vanité : car ceste vie est transitoire : mais la parolle de Dieu demeure éternelle. »

 

On ne s'étonnera guère, dès lors, que le lobby chrétien de la « bioéthique » revendique la formule de François Rabelais, mais on constatera avec une petite analyse littéraire qu'elle est, en l'occurrence, employée totalement à contresens : Rabelais, suspect d'hérésie (et donc menacé du bûcher) , demande avec humour à son fils de réaffirmer par prudence une profession de foi obscurantiste. Il faut en effet ce souvenir que ce passage intervient après celui-ci, qui, en 1532 pouvait se révéler extrêmement dangereux pour son auteur :

"Des ars libéraux, géométrie, arisméticque et musicque, je t'en donnay quelque goust quand tu estoit encores petit, en l'eage de cinq à six ans; poursuys la reste, et de astronomie saiche-en tous les canons; laisse-moy l'astrologie divinatrice et l'art de Lullius, comme abuz et vanitéz.
Du droit civil, je veulx que tu saiche par cueur les beaulx textes et me les confère avecques philosophie.
Et quant à la congnoissance des faictz de nature, je veulx que tu te y adonne curieusement : qu'il n'y ait mer, rivière ny fontaine, dont tu ne congnoisse les poissons, tous les oyseaulx de l'air, tous les arbres, arbustes et fructices des foretz, toutes les herbes de la terre, tous les métaulx cachéz au ventre des abysmes, les pierreries de tout Orient et Midy, rien ne te soit inconneu.
Puis sougneusement revisite les livres des médicins grecz, arabes et latins, sans contemner les thalmudistes et cabalistes, et par fréquentes anatomies acquiers-toy parfaicte congnoissance de l'aultre monde, qui est l'homme. »

 

Gloire donc à Alcofribas Nasier, à Paloma et à Pierre Desproges « Bonjour, ma colère ! Salut, ma hargne ! Et mon courroux, coucou ! »

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