Syrie : quand les chrétiens détruisaient les temples
La guerre en Syrie combine les aspects d'une guerre civile et d'un conflit des grandes puissances par populations locales interposées. Ces derniers jours la question de Palmyre est devenue un enjeu. Marine Le Pen veut que l'on aide Assad, Esther Benbassa que l'on arrête Daesh… aux dernières nouvelles (18 mai), les troupes de l'armée loyaliste ont chassé EI des alentours du site et bombardent ses positions de repli. Le temple de Baal est donc semble t-il toujours debout et l'UNESCO respire.
Le site d'Apamée est lui aux mains de pillards de Daesh depuis 2012, les photos aériennes du site font découvrir un paysage lunaire du fait des trous creusés par les jihadistes qui commercialisent les vestiges et les monnaies antiques, mais le temple de Baal y a été détruit il y a bien plus longtemps. En 439 le Code théodosien prend application. Son seizième et dernier livre (De fide catholica) nous dit Polymnia Athanassiadi, professeur d'histoire ancienne à l'université d'Athènes, « porte témoignage du dynamisme et de la minutie de la répression théodosienne ». Le christianisme nicéen est devenu religion d’État soixante ans plus tôt par l'édit du grand-père de Théodose II : Wikipedia :« En 380, il publia l’édit (dit édit de Thessalonique) suivant : « Tous les peuples doivent se rallier à la foi transmise aux Romains par l’apôtre Pierre, celle que reconnaissent le pontife Damase et Pierre, l'évêque d'Alexandrie, c’est-à-dire la Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
« … en saisissant l'esprit, plutôt que la lettre, de la législation impériale, nous dit Polymnia Athanassiadi, évêques et moines déclenchent impunément une campagne iconoclaste à travers l'Orient, dont la victime la plus célèbre est le temple de Bel à Apamée. En vain Libanius protesta contre ces vandalismes pieux par un discours d'une poignante tristesse adressé à l'empereur. Bientôt le Serapeion d'Alexandrie, temple symbolique s'il en fut, allait suivre le sort du complexe apaméen. Malgré la vigoureuse défense que le philosophe Olympios monta contre la masse des agresseurs, ceux-ci, d'après le témoignage amèrement ironique d'Eunape « luttèrent si vaillamment contre les statues et les ex-voto qu'ils ne se sont pas limités à les vaincre : il les ont volées aussi. » (P.A. « Vers la pensée unique » - La montée de l'intolérance dans l'Antiquité tardive – Les Belles Lettres- 2010. »
Il serait évidemment erroné de voir dans les événements actuels une revanche de l'arianisme, pourtant je me demande si, sur le plan des symboles, nous ne sommes pas -encore- dans les convulsions de la fin d'un empire romain qui sert en tout état de cause de référence mythique de tous les côtés. Et il n'y en a pas que deux.
Mais cela me serre moins le coeur que le sort des millions de réfugiés et de personnes déplacées.