Du Rickshaw à La Fayette.
Je pars à Paris de bon matin. J'achète parfois le « Courrier de l'Ouest » à la gare, je le lis un peu, je me rendors et je le laisse dans le train. Quand je voyage en 1° classe , je récupère éventuellement à Montparnasse « Le Figaro » ou « Les Echos » abandonnés par d'autres voyageurs. Ce jour là, le « Courrier de l'Ouest » sans doute impressionné par les statistiques américaines et la structure de l'emploi, s'intéressait à la France qui entreprend et présentait un transporteur en tricycle et un type qui fait des machines électromécaniques de distributeurs de baguettes pour les villages ou les quartiers où les boulangeries ont disparu. La déchéance quasi naïve de ce journalisme me surprend encore. J'ai grandi à une époque où dans mes manuels de géographie on présentait le rickshaw comme un symbole de la situation de quasi-servage des peuples asiatiques et le village était, lui, symbolisé par la poste et la boulangerie. On nous invite aujourd'hui à considérer ces « entreprises nouvelles » comme un gage de la prochaine sortie de crise…
En réalité, mille signes indiquent que ces journalistes-là se parlent surtout à eux-mêmes. Et puis il n'y a pas qu'un Robert Ménard.
Mais il y avait (et il y a peut-être toujours) à Montevideo, au Musée Torres Garcia, un concours de photographies, l'une d'elle, en noir et blanc,montrait deux types qui se faisaient griller un peu de viande, à la nuit tombée, dans le quartier délabré du port de Montevideo. J'ai retrouvé un de ces braseros un matin, seulement retenu par des cadenas. Ces deux types joyeux de l'hémisphère sud et ces braseros symbolisent pour moi toute la différence entre « prolétaires » et « collaborateurs » et ce qui pourrait bien tomber sur la tronche de Macron. Il n'est pas sûr alors qu'Hollande puisse aller jusqu'à Varennes, même s'il est probable que Valls n'aura pas plus de scrupules que La Fayette s'il est confronté aux pétitionnaires du Champ de Mars.