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La voyageuse et le trône de fer.
L'expo photo se poursuit de triptyque en triptyque et je regarde les voyageurs qui me regardent à travers la vitre du temps. Certains moments sont privilégiés : celui-ci où, seul à l'étage du musée, dans Montevideo pluvieux et venteux, j'entends les talons de la visiteuse qui, pour l'heure, est à l'étage supérieur et j'imagine ses jambes ; ou bien encore celui-ci à l'aéroport, où devenu transparent du fait de mon âge (ce qui me fut naguère douloureux), j'observe à loisir un groupe de jeunes femmes. L'une d'elle me rappelle cette autre qui faute de pouvoir faire l'inventaire des cabosses de sa vie, se voulait impératrice. Il n'est certes pas impossible d'être monarchiste dans l'appareil d’État : Macron soutient qu'il manque juste la figure du roi (celui qui détient la loi dans l'archive de sa poitrine). Mais pour cela, voyageuse, il faut d'abord accéder au pouvoir : réussi pour Macron, réussi pour Cambadélis, réussi pour Fabius de l'autre génération, manqué pour Julien Dray qui doit se contenter d'être un des féaux de Little Finger, ou pour toi. Finalement tu aurais peut-être dû rester en Allemagne : dans les Etats germaniques, il y a place pour plusieurs souverains. Tu ne savais pas, tu étais encore un peu dans ce pays où « la terreur rouge avait déjà pris fin ; leurs adolescences baignaient dans une atmosphère de décrépitude, plus personne ne croyait aux miracles d'une révolution naguère venue de l'Est, ni à l'arrivée improbable de libérateurs que les vents de l'Occident amèneraient », tu croyais qu'une partie de l'avenir du monde se décidait à La Rochelle. Thirion Lanister est cuit et Nicolas Hulot ou Jorge Bergoglio sont des concurrents inattendus. Il y en aura d'autres, des femmes surtout, des Galla Placidia noires, de jeunes concurrentes, qui manifestaient hier et qui s'appuieront sur l'exode des Ariens qui menace de nouveau les Trinitaires. Le chemin de Carthage à Damas a été bien long, mais la pérégrination a repris.
