Sur le petit livre de Latifa Ibn Ziaten.
Les huées adressées à Latifa Ibn Ziaten lors de sa visite au groupe PS à l'Assemblée Nationale (à l'invitation de ce dernier) ne m'ont qu'à demi surpris. Mme Ibn Ziaten, mère d'Imad, le soldat assassiné par Mohamed Merah portait un foulard… Elle a d'ailleurs été poursuivie hors de la salle et insultée : on lui a dit « Vous faites honte à la France ! », un officier de sécurité a du la protéger. Une plainte a été déposée (La Croix du 4 janvier 2016). Un détail doit nous réjouir : Latifa connaît les noms de ses agresseurs, mais ne veut pas les jeter en pâture, elle préfère s'en remettre à la justice ; celle-ci ne devrait pas avoir trop de mal car vu le lieu toutes les identités sont connues, l'officier peut témoigner et la scène a du être filmée. Enfin espérons. La douleur d'une mère d'un fils assassiné ne freine apparemment plus certains de ceux qui se présentent comme « défenseurs de la laïcité ». Et il nous importe qu'ils soient démasqués.
Cela m'a fait acheter et lire le petit ouvrage « Dis-nous Latifa, c'est quoi la tolérance ? », coécrit avec Anne Jouve et publié par des éditeurs catholiques. L'aspect « Vivre ensemble » « Fondation Jacques Chirac » et « Mohamed VI » peut indisposer, n'empêche ! Latifa n'y est pas pour grand'chose.
Et bien des moments des dialogues avec des élèves ou des enseignants m'ont paru justes ou m'ont fait sourire. Ainsi :
« On ne dit plus « les français d'origine maghrébine » on dit « musulmans de France », « le terroriste musulman ». Je me bats aussi contre ça. Pourtant on n'entend jamais dire : « les chrétiens de France », « les juifs de France » : ça ne se dit pas. Aujourd'hui on parle des « musulmans de France » et on ne sait pas pourquoi. La religion n'est pas une nationalité, ce n'est pas une identité. »
Ainsi l'histoire d'Aïda (14 ans), la question d'Hugo (12 ans)… les réponses de Latifa sur lesquelles on peut ou non être d'accord, sont pleines d'humanité : c'est une mère qui parle du contenu de la République en des termes qui m'ont fait penser au Pagnol du « Chateau de ma mère ».
Alors les gugusses qui ont pris à partie Latifa, j'aimerais bien savoir qui c'est : j'imagine leur position vis à vis de l'état d'urgence et de la guerre. Me trompé-je ?