La richesse des nations.

Le drapeau cubain et celui du Saint-siège associés à l'avant du taxi rutero habanero : Bergoglio vient de rencontrer ici le patriarche de Moscou. Les Chinois ne manquent pas à l'appel : ils sont partout ici, généralement peu appréciés ; notre taxibus est chinois d'ailleurs. Les pays du Golfe sont là aussi : l'Arabie saoudite a son fastueux projet de mosquée et l'Iran dispose à la foire internationale du livre de La Havane d'un stand bien plus important que la France, avec de jolis livres pour enfants, très bien illustrés (stand tenu, il est vrai par un gardien de la révolution qui fait peur aux petites filles). Inutile de dire que l'Union européenne n'est pas représentée. Les nations, le Saint-Siège , les gardiens de la Kaaba et Obama qui, paraît-il arrive bientôt, vendent des livres. L'Allemagne est bien là, l'Espagne bien sûr, le Mexique, les nations disais-je.

L'échec des politiques coloniales est patent, les noirs ne pardonneront jamais (j'ai acheté un bouquin sur la rencontre entre Fidel et Malcolm X), pas plus que les Baghdadis : les derniers avatars de la politique des puissances sèment le désastre : accords Sykes-Picot, traité de Versailles, traité de Lausanne, accords de Yalta et Potsdam… Les Français savent-ils que l'expression « France d'Outre-Mer » scandalise les Caraïbes ? Le pape jésuite sait bien que l'avenir de la Guadeloupe ou de la Martinique se prévoit davantage ici que dans la chocolaterie de Flanby 1° ; déjà le pape polonais Karol Wojtyla avait ouvert la voie, Cyrille et François ont creusé le sillon ; d'ailleurs Fidel n'a jamais rompu un lien quasi filial. On peut le comprendre ; n'empêche que les moines prêcheurs se croient désormais tout permis, je les ai vu s'exciter hier en ville, comme j'ai vu aussi les orthodoxes russes tremper leur croix de poitrine dans les cocktails de l'Hôtel Nacional.

« Une nation est construite par ceux qui y travaillent » dit un slogan mural à La Havane. Des guerres de libération à José Marti , de la révolution de 1959 à la résistance au blocus, Cuba s'est construite comme nation. Le Code du Travail c'est, dans ce même mouvement, un pilier de la nation française : la bataille contre la loi El Khomri est une bataille décisive.