La Belgique, le deuil, le maire d'Angers et le feudiste
La bourgeoisie belge de Bruxelles-capitale a beau être brutale et obtuse, il y a en Belgique des restes démocratiques qui ont disparu en France. Dans la soirée Thema de ce 24 mai sur Arte, consacrée à Daesh, le contraste était saisissant, entre le discours - et les difficultés administratives- de cette famille de la capitale belge dont un des fils était parti au « djihad » en Syrie où il était mort et le discours de Cazeneuve et de sa police, dans lequel le ministre tenait, impavide, un discours d’État, tandis que les hommes du Raid en tiraient la signification politique. Au mitan, Dounia Bouzar, experte en déradicalisation, faisait des boulettes avec des débris et se faisait filmer tandis qu'elle les poussait pour les sortir de la fourmilière, ce dont Nicolas Hénin, journaliste et ex-otage en Syrie donnait la lamentable signification en suggérant, en quelque sorte, que les crédits consacrés à cet improbable objectif servaient surtout à créer des emplois de déradicalisateurs.
La vérité des discours officiels est sans doute donnée par cette petite phrase en forme d'épitaphe de Christophe Béchu, maire d'Angers, après la mort de toute une famille du quartier de La Roseraie, à Angers, dans la disparition de l'avion d'Egypt'air : « des gens charmants avec qui il n'y avait pas de problème » (« Courrier de l'Ouest » du vendredi 20 mai) ! Personne ne semble avoir relevé le caractère odieux, le concentré du propos. Il n'était nul besoin, après cela, de donner la consonance du nom de cette famille ni son origine. Et Christophe Béchu d'enchaîner en s'en prenant aux grévistes des raffineries accusés de « prendre les Angevins en otages ». J'imagine, lors de la réaction féodale de 1780, François Walsh de Serrant, seigneur du château du même nom et représentant angevin d'une des plus importantes familles négrières de Nantes, redouter l'agitation des manants tout en déplorant la disparition dans un accident d'une famille de domestiques « des gens charmants avec qui il n'y avait pas de problème ».
C'est contre cette réaction féodale qu'un dénommé François-Noël Babeuf, commissaire à terriers, a commencé à se radicaliser. C'est précisément en 1781, à 21 ans, qu'il s'installe à Roye comme géomètre et feudiste, après avoir travaillé quatre ans chez un notaire. Je ne sais pas si son nom dit quelque chose à Christophe Béchu.