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Publié par Michel GODICHEAU

 

La question des frontières est certainement une des plus passionnantes qui soient. La prochaine parution en français, le 2 juin prochain du livre de Dario Barriera « Ouvrir des Portes sur la terre » (PUM), me réjouit particulièrement à cet égard. Cette question peut être abordée de nombreux points de vue dont la somme expliquerait sans doute pourquoi j'aime à la fois Benjamin Péret, René Crevel, Vladimir Maïakovski, et Sainte Rose de Lima et les vols d'étourneaux… Je ne suis jamais allé en Nouvelle Biscaye (celle d'Argentine, pas celle du Mexique) et sans doute n'irai-je jamais, mais il me semble être un familier de cette frontière, tout comme de Maria de Cazalla et je crois que la synchronie entre le procès intenté par l'Inquisition à la mystique de Cordoue et la fondation de Santa Fe à la même époque (XVIe siècle) a un sens. Dans le cas de Maria de Cazalla, on se trouve à la croisée du judaïsme des convers, de la taqiyya des morisques, du protestantisme menaçant dans l'Empire et de la doctrine franciscaine, et c'est bien ce qui effrayait le prince et ses inquisiteurs. Dans l'histoire de Juan de Garay, le fondateur de Santa Fe de la Santa Cruz (ça ne s'invente pas!), on retrouve un prêtre franciscain et dans le livre, j'espère que les réflexions de Dario Barriera sur Saint Augustin ont été conservées. Nous sommes là dans le domaine des conversions religieuses qui affectent le sort des empires, c'est peut-être pour cela qu'en écoutant ce midi Nicolas Domenach, fils de Jean-Marie, s'en prendre aux prédications de Tariq Ramadan, j'ai eu l'idée d'aller chercher un livre dans ma bibliothèque (oui, je continue à ranger) : au XIe siècle la poussée des Banu Hilal au Maghreb a permis au pape de reprendre la Sicile et donné le signal de la reconquête en Andalousie. Les auteurs écrivent ceci :

 

« En 990, l’Église de Carthage avait encore une assise démographique et spirituelle suffisante pour envoyer un évêque se faire sacrer à Rome (…) mais en 1270, lorsque Saint louis mourut devant Tunis assiégée, le christianisme y était éteint depuis déjà deux siècles. La conquête normande de la Sicile (1072-1091), où depuis cinquante ans déjà des incursions byzantines mettaient à rude épreuve le califat fatimide installé en 910 ,lui avait porté de rudes coups. La réduction de la chrétienté berbère répondit alors à l'intolérance impitoyable qu'endurèrent les musulmans de Sicile. »(Y.Courbage et P.Fargues - « Chrétiens et juifs dans l'Islam arabe et turc » - Payot - 1997)

 

A cette étape , le prédicateur frériste me semble avoir mieux révisé ses sermons que les amis politiques de Benito Valls.

 

 

CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=405572

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