Zurich et retour
Il y a quelques jours j'ai lu un poème en public. On m'a écouté poliment. Un poème d'Alberto Nessi. Pas celui-ci. Il paraît que le druide de Brocéliande a du succès, que les médecines douces sont plus douces que les médecines dures. Que Mathieu Ricard est un laïque et devrait être enseigné à l'école. Que Krishnamurti va redevenir à la mode.
Et même que les adeptes de W.Reich dans le Bade Würtenberg (mais j'espère que non, déjà qu'on a Steiner) pourraient tester l'orgone des nouveaux ministres français.
Il paraît que Bernard Campiche n'a plus de distributeur en France. Mais la poésie, simple et musicale comme un dyptique ? Ou savante comme une dialectique du concret ? Je me doute bien que c'est plus compliqué. Ce pourrait cependant être ouï. Non ? Mais cela nécessite peut-être qu'Anatoly Lounatcharsky se rapproche du Commissariat du Peuple à l'Instruction Publique.
Zurich et retour
Huitante mannequins made in Hong Kong
voyagent dans le Tilo du matin
avec une employée, un magasinier de Camerlata
et cent enfants violés par un prêtre
à la page quatorze du journal :
ainsi commence le jour ouvrable
tandis que sur les monts pour la dernière neige
trois faucons dansent bleus de ciel
en vol vers la diaspora des heureux.
Le soir du retour, devant moi
un couple du Malcantone, elle jeune de visage
lui déjà préposé à la manutention
mais à force de serrer les boulons
son doigt a commencé à bouger tout seul : on l'a opéré au Tessin
deux fois, mais son doigt est toujours tordu. A présent il revient de la clinique
où on guérit les morts. Pendant ce temps
dans le compartiment d'en face
deux policemen SBB, CFF, FFS demandent ses papiers
à une jeune étrangère mariposa
que même la Vierge a abandonnée.
Celui au doigt parle de vols de bois.
Un garçon passe avec les cheveux roses.
A.Nessi- La nuit et le pétale- Traduit de l'italien par Christian Viredaz - Editions Empreintes.2016