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Publié par Michel GODICHEAU

Le mépris colonial est intimement lié au vocabulaire utilisé. Ainsi depuis le début des opérations américaines en Irak, le dictionnaire du slang (argot) « haji » :
« 1: Arabic word for someone who has made the pilgrimage to Mecca; 2: used by the American military for an Iraqi, anyone of arab decent, or even of a brownish skin tone, be they afghanis, or even bangladeshis; 3: the word many soldiers use derogatorily for the enemy. »
1. Mot arabe pour désigner quelqu'un qui a fait le pèlerinage de La Mecque 2. utilisé par les militaires américains pour quiconque a une apparence arabe ou même une peau bronzée, fut-il afghan ou bangladeshi. 3. Le mot que beaucoup de soldats utilisent péjorativement pour l'ennemi.
Les colonialistes français utilisaient l'origine sociale « fellag» (bandit de grand chemin) avec le suffixe péjoratif « fellouze » (avec, peut-être déjà une connotation sexuelle : « tarlouze »), les américains utilisent le terme religieux et même un terme religieux a l'origine usité pour honorer un pèlerin et toute sa descendance, car Hadji est ensuite fréquemment associé au patronyme. La première mesure qu'auraient du prendre les « services » s'ils voulaient éviter de rester des ennemis pour plusieurs générations eût été de sanctionner sévèrement cet usage. Mais le voulaient-ils ? Faire confiance au criminel de guerre et calotin vaticanesque Tony Blair a été la première erreur reconnue de Colin Powell. Saddam devait être diabolisé et ses troupes désignées par un terme religieux. Le pèlerinage a toujours servi à constituer des proto-nations de nature religieuse, mais de vraies communautés. Le professeur Benedict Anderson écrivait :
« la chorégraphie des grands pélérinages religieux a toujours présenté un double aspect : la horde des illettrés confinés dans leur langue vernaculaire donnait au passage cérémoniel sa réalité physique et sa densité, tandis qu'une petite couche de lettrés bilingues issus des différentes communautés vernaculaires accomplissaient les rites unificateurs, interprétant le sens de leur déplacement collectif à l'intention de leurs suivants » (1).
Ce qui est vrai pour La Mecque est vrai pour le Saint-Sépulcre et pour Compostelle qui participe ainsi au retour du religieux.

 

(1) Benedict Anderson « L'imaginaire national - réflexion sur l'origine et l'essor du nationalisme » p.65 – La Découverte – 2002.

Yemaya  déesse et vierge noire honorée  au pèlerinage de Notre-Dame de Regla

Yemaya déesse et vierge noire honorée au pèlerinage de Notre-Dame de Regla

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