Parlons éthique pendant que bébé joue avec le chat au Fipronil.
Hier soir j'ai peut-être mangé des drosophiles. Par inadvertance, pendant que vous caressiez votre chien dépuçé au Fipronil (ben oui, et un peu plus que les gaufres de Leader Price). Et cette nuit des acariens, pendant mon sommeil. Bon, on dira que ça ne compte pas. Mais le pou ? La vie sociale du pou de poulailler (dermanyssus gallinae) est passionnante (il a besoin de quatre repas de sang, nocturnes, pour franchir les 5 étapes de sa vie). Cette histoire d'oeufs, de poules et d'insecticides m'a rappelé mon enfance. Le DDT n'était alors pas interdit et ma grand-mère en aurait acheté si elle avait pu. Les poules prenaient des bains de terre pour se débarrasser des poux : elles n'y parvenaient guère, car une fois rentrées à la nuit dans le bâtiment d'élevage (même le neuf, celui en fibrociment, avec de l'amiante) c'étaient les poux qui régnaient sans partage. Mais dehors il y avaient les renards, les chiens errants. Et le poux, à la vie sociale trop méconnue a ses propres parasites. Bref, il ne faut pas manger d'oeufs de poux, et même pas ceux des parasites du poux. On ne voit pas l'angoisse du pou lorsque les principes actifs de l'insecticide commencent à paralyser son système nerveux. En revanche on voit fort bien l'angoisse de la poule que l'on saigne. C'est d'ailleurs assez jouissif et terrifiant, n'importe quel renard vous le dira. Evidemment tout peut évoluer. Avez-vous lu cette BD magnifique sur le mariage mixte coq/humain (« Elmer » de Gerry Alanguilan) ? . Mais la peur des chimères et de l'homme augmenté ne sera diffusée par les média qu'un peu plus tard (question éthique : peut-on becqueter un foie de porc issu d'une exogreffe s'il y a rejet?) . Pour l'heure, entretenir l'ignorance de notre nature de prédateurs qui ont rationnalisé l'élevage de leurs proies est plus à la mode. Même les femmes ? Oui, même les femmes. Ma grand-mère était une tueuse psychopathe et sacrifiait plusieurs poules et lapins (en les énucléant!) quand Msieur Not'Maît venait quérir son fermage. Ma révolte : l'abondance soudaine pour le maître en sacrifiant les poules, pendant que mon grand'père, tête nue et casquette à la main devant l'homme au chapeau l'invitait respectueusement à entrer. Il est vrai que le reste de l'année, on mangeait de la soupe au pain (qui n'est pas haram), mais aussi des œufs, que j'allais parfois chercher en faisant fuir les poules couasses, interrompant des vies à venir, en criminel que je suis resté. Je dois dire que j'avais peur des poux, mais aussi du jard (là le bâton suffisait, en théorie) et du dindon (là je faisais un grand détour).