Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Michel GODICHEAU

Le 1° août c’est la fête nationale suisse. Un marqueur du récit national. Ainsi le 14 juillet 1789 est le début symbolique d’une nouvelle période de l’histoire de France. C’est pourquoi la réaction, de Villiers à Macron , de Stephane Bern à Lorant Deutsch, mobilise ses forces pour magnifier la monarchie dont la Révolution Française nous a odieusement privés, plongeant le pays dans une guerre civile sanglante. Cependant, il y a moins de deux siècles, une guerre civile sanglante déchirait la Suisse. Et quand on lit la notice Wikipedia sur le Sonderbund, on y sent un petit relent de Puy-du-Fou ! Les cantons catholiques opprimés par les libéraux radicaux s’étaient révoltés etc. Les ingrédients symboliques se ressemblent même : l’épisode du Général Dufour ressemble à celle de Bonchamps...Bref, la version suisse des Jacobins na valait guère mieux que la française. Je veux bien, mais si on change d’angle (c’est-à-dire si on parle d’Histoire) on a une autre image.
Le 27 novembre 1847 « L’Association Démocratique pour l’Union de tous les pays », cet ancêtre de l’Association Internationale des Travailleurs (A.I.T.) adressait au peuple suisse : « une invitation à résister à toutes les tentatives d’intimidation de la diplomatie, des rois et des banquiers » (Gazette allemande de Bruxelles n° 96 du 2 décembre 1847). De quoi s’agissait-il ?
En 1815, le Traité de Vienne avait réorganisé l’Europe autour des monarchies et des prêtres pour tenter d’effacer du calendrier l’ère des révolutions. La Suisse, successivement envahie par les armées du Directoire et des Alliés réunis autour de la Prusse et de l’Autriche, se voit consacrer sa neutralité, avec un régime de quasi indépendance des cantons qui signifiait le retour de l’Ancien régime pour les ex-cantons de la « République helvétique », et la domination des cantons montagnards les plus arriérés et singulièrement dans les régions catholiques comme le Haut-Valais. Cependant en 1830, une vague libérale et anticléricale secoue l’Europe et provoque l’indépendance de la Belgique, la chute de la monarchie légitimiste en France… et le 18 février 1845, les radicaux bourgeois prennent le pouvoir à Lausanne. Les 7 cantons les plus réactionnaires forment alors une coalition, appelée le « Sonderbund » qui fait sécession fin juillet 1847. S’ensuit une guerre civile. Les troupes du Sonderbund, soutenues en sous-main par les principales puissances du congrès de Vienne ( avec Metternich et Guizot à la manœuvre) sont défaites. La majorité confédérale est soutenue dans cette guerre par des pétitions provenant de toute l’Europe, plus de 5000 arriveront à la diète fédérale à Berne. Le roi de Prusse qui voulait faire de Neuchâtel , la capitale des scissionnistes sera définitivement chassé en 1848, par la victoire des insurgés de la Chaux-de-Fonds qui, soutenus par la population, s’emparent du château fortifié de Neuchâtel où siège toujours le gouvernement local.
Mais nous sommes déjà dans une autre phase, celle du « Printemps des peuples » de 1848. C’est aussi la date de la 1° constitution suisse, celle à qui nous devons le « Car Postal » (toute une histoire aussi, désormais menacée).
J’espère que le feu d’artifice était beau.

 

Rudolf Koller - Die Gotthardpost (1874).jpg

Rudolf Koller - Die Gotthardpost (1874).jpg

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article