Une surprise poétique au milieu d’un livre sur l’Alsace et la Lorraine.
J’ai acheté un livre important écrit par un collectif d’historiennes et d’historiens sous la direction de Françoise Olivier-Utard. Il s’intitule « De l’Allemagne à la France : le mouvement ouvrier en Alsace-Lorraine (1890-1920) » C’est l’image mentale du drapeau rouge flottant sur la cathédrale de Strasbourg qui m’a séduit. Je m’aperçois en le feuilletant que les auteurs ont convié un poète et ils ont bien fait. La contribution de Daniel Muringer commence par une belle évocation, en allemand, alsacien et français du poète paysan Charles Zumstein qui a écrit deux recueils de poèmes sur la « Grande Guerre ». Mais c’est ce poème de Gaston Peter, ouvrier, fondateur du premier syndicat du textile en Alsace, à Ribeauvillé que je veux vous livrer. J’essaie de le déclamer en allemand et en français, ce dimanche matin , en étant sûr que les Berléand, Calvi, Praud et Dupond-Moretti ne l’auraient pas épargné :
A une « Stéphanoise », Saint-Etienne 1918
Je peux parler de tout avec toi,
Tu t’y connais, pas de doute, question amour,
Et tu prends la vie à la légère.
Et moi, prisonnier, comme passe-temps.
Nous travaillons tous deux à l’usine
Durement pour la défense nationale,
Et la question du grand amour
Reste notre premier idéal.
J’entends souvent l’expression « boche »
Et parfois je soupçonne
Que je fais partie des « boches »,
Mais seulement le jour, pas la nuit.
Alors je dois t’apprendre et te montrer
Comment on embrasse les filles allemandes,
Et comment toujours robustes comme des chênes allemands,
On se reste fidèle et on ne s’oublie pas.
Ces études nous ont tous deux subjugués,
Et réconciliés en bonne mesure.
Tu cries « Vive l’Allemagne » avec enthousiasme,
Et moi, bien sûr « Vive la France ».
« Romantisme européen, traduction Daniel Muringer »
Je vais essayer de rendre ce beau livre plus disponible. Mais vous pouvez le commander
à Amemos 18, rue de l’Observatoire -87000 Strasbourg – Tel 03 8861 81 03
Peut-être que dans le train qui m’emmenera à Chauny le 6 avril j’écouterai du Ugo Wolff.
https://www.youtube.com/watch?v=txDJDg3FVl4
Hugo Wolf: "Morgenstimmung" (Reinick) Fischer-Dieskau, Moore
One of Hugo Wolf's late songs written in 1896 to a poem by Robert Reinick. Within a year he would be incurably insane. Even so, all of the late songs "are finely structured and eloquent" to quote ...