Danièle Sallenave, Juan Branco et le 1° Mai.
Ce sont deux succès de librairie. A 29 ans, Juan Branco a déjà mille vies. Encore deux ans et il représentera le Tiers aux côtés de l’abbé Sieyes aux Etats-Généraux. Là, je crois que j’ai un peu confondu avec Maximilien Robespierre. Mais va savoir avec les avocats ! Danièle Sallenave est avocate de la langue française et elle a mille et une vies. Je n’ai pas (encore) lu « Crépuscule » de Juan Branco, je n’en parlerai donc pas, mais j’ai regardé presque intégralement une de ses dernières vidéos, faite juste avant le 1° mai. En revanche j’ai lu « Jojo le gilet jaune » de Danièle Sallenave (Gallimard) et j’ai kiffé.
L’analyse de Soral et de Renaud Camus que présente @anatolium (Juan Branco) est pertinente, rapide et presque lumineuse, mais son bourdieusisme tout droit issu de Normale Sup me gêne un peu. Et la mise en scène de sa catharsis de converti au RSA me fait un peu penser à Bakounine. Pas grave, il est beau comme Saint-Just ou l’enfant Barra et déjà installé près des centres de commandement de « L’île réalité ». Il arrive à parler à cette génération en expliquant à ces internautes youtubeurs, qui ne lisent pas, que les livres et les tableaux c’est utile pour les gens des ronds-points ! Moi, je lirai « Crépuscule » si vous lisez « L’île réalité »(Actes Sud) . Ce roman de Ricardo Ménendez Salmon est une merveille de poésie et d’anticipation politique et @anatolium pourrait en être un personnage. La place du tableau de Goya « Le sabbat des sorcières », dans sa dernière vidéo le prouve, comme celle du tableau de Rembrandt dans « Hérétiques » de Leonardo Padura … Bref dans « L’île réalité » le héros peut résister grâce à « La leçon d’anatomie du Dr Tulp » de Rembrandt.
Certains disent que Ricardo Ménendez Salmon se perd un peu dans ses propres métaphores, mais cet espace mythique d’un lieu de pouvoir totalitaire et paranoïaque gouvernant une « Nouvelle Histoire », le « Système » éthico-policier qui, en dernière instance garde le contrôle grâce à l’armée et, in fine organise le chaos, est déjà là.
Et c’est précisément l’adversaire commun de Danièle Sallenave et Juan Branco. En tout cas peut-être. Car chez Danièle Sallenave, les rochers qui aident à résister sont certes des œuvres de l’esprit , mais également des fils historiques et des forces sociales. Peut-être que c’est vrai chez Juan Branco aussi. On ne sait pas. Il est vrai qu’on s’interroge encore pour Robespierre.
Danièle Sallenave cite Céline (et même Staline sur la même page!), mais aussi Tchekov, Michelet et Hugo.
Mais c’est quand elle cite Bertold Brecht qu’elle donne une clé :
« Qui a construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres on donne les noms des rois.
Les rois ont-ils donc traîné les blocs de pierre » ?
Juan Branco termine sa video sur le 1° mai. Peut-être est-ce un indice ?