Sonate au Clair de Lune de Yannis Ritsos
Η σονατα του σεληνοφωτος Γιαννη Ριτσου
Il y a des soirs où l’on estime que le Grand Remplacement se fait trop attendre. D’un côté un pince-fesses avec le Beaujolais nouveau, de l’autre l’histoire des noms de la lune φευγαρι et σελενη. D’un côté la Compagnie Générale Maritime (CGM), de l’autre les προσφυγες rescapés des traversées de Chio, de Lesbos ou d’ailleurs venus au théatre Amalia de Thessalonique.
« Laisse-moi venir avec toi. Quelle lune ce soir !
C'est bon la lune,- on ne verra pas
que mes cheveux ont blanchi. La lune va de nouveau
habiller d'or ma chevelure. Tu ne comprendras pas.
Laisse-moi venir avec toi.
Quand il y a la lune, les ombres grandissent dans la maison,
des mains invisibles tirent les rideaux,
un doigt pâle écrit sur la poussière du piano
des mots oubliés- je ne veux pas les entendre. Silence. »
Le poète, le révolutionnaire, c’est tout un et les amis de la CGM l’ont senti : ils ne sont pas là.
Mais eux sont là : ils viennent du Mali, du Congo ou d’ailleurs : francophones : ils vivent dans des squats et des hot spots et se sont habillés nickel chrome . Les chromes et le nickel jouent avec la lumière de la lune et Katherina Didaskalou joue de sa voix magnifique et du rôle de ses cheveux blancs. Ils viennent écouter de la poésie.
« Laisse-moi venir avec toi ! »
J’ai envie d’appeler Benjamin Péret et de défier les crevures qui empêchent les réfugiés de passer : ils sont plus de vingt que je voudrais emmener avec moi : des jeunes hommes magnifiques coincés là par l’arrogance, la bêtise et l’ignominie des mêmes qui possèdent la CGM, Macron et Leroy-Merlin.
De jeunes hommes magnifiques qui ont fait à Katherina Didaskalou un triomphe mérité malgré une salle petitement remplie. La CGM, c’est pas des poètes.
On espère réentendre Katherina Didaskalou et Yannis Ritsos.
Aφησε με να’ρθω μαζί σου.
Laisse-moi venir avec toi.