Thiers les Afghans et Netanyahu
Bien sûr, ce sont des Afghans qui lavent ma voiture, what else ? Bien sûr il y a un squat dans mon quartier (Syriens et Irakiens, je pense). Bien sûr les roms font les poubelles en trimbalant à vélo ou à pied d’immenses réceptacles. Les deux camps de l’agglomération sont saturés, au bord du lac Volvi un village de vacances abandonné du fait de la crise sert de refuge à des Africains méfiants et des enfants irakiens rigolards. Dans les écoles, les enfants d’allogènes sont souvent majoritaires, ce qui crée une demande d’enseignement privé (attention ce ne sont pas seulement des enfants de réfugiés, mais aussi des enfants d’Albanais, Bulgares...) Le gouvernement Mitsotakis a essayé dans le même temps de supprimer le droit à l’assistance médicale des réfugiés et demandeurs d’asiles et de rétablir le délit de blasphème.
Sur les routes, les convois sont de plus en plus fournis, cadeau d’Erdogan qui dose ses effets. On rencontre partout ces jeunes qui arrivent ou cherchent désespérément à passer en Bulgarie ou en Macédoine du Nord se heurtant au mur construit par l’Union européenne.
Les tensions sont désormais palpables, une rumeur et la population d’un quartier ou d’un village (parfois sous la conduite d’un pope) se mobilise pour interdire , triques à la main l’arrivée des réfugiés. L’extreme-droite a organisé à Diavata une opération « porc et vin à volonté » près du camp de réfugiés.
C’est dans ce contexte que j’ai vu « Demain je traverse », de Sepideh Farsi, au festival international du film de Thessalonique. Le cinéma a ceci de particulier qu’il propose une discussion sur la fiction plutôt que sur la réalité et c’est bien ce qui s’est produit dans le débat avec la réalisatrice et les comédiens. Allez le voir c’est bien construit (trop, peut-être), bien joué et bien filmé. Une seule chose m’a surpris, pourtant : contrairement à ce que laissent penser les visions « étapistes », que laissent voir les média : 1. La Syrie 2. Le sas turc 3. Lesbos (Moria) 4. La Grèce continentale, la réalité brutale est que nous sommes, dans la vie, très voisins de l’horreur et de la tendresse et qu’y faire des allers et retours est devenu notre quotidien.
Ainsi de voir le même week-end le préfet Lallement déclarer son camp dans la guerre (spoiler : on savait un peu), et Christophe Barbier en appeler à Adolphe Thiers éclaire toute l’actualité de Louise Michel et de la Commune de Paris. Et Christophe Barbier est tout aussi humaniste que Benjamin Netanyahu.