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Publié par Michel GODICHEAU

Samedi 12 septembre – De petites filles, vraisemblablement syriennes, sont venues chercher des ballons gonflables à l’anniversaire de l’ami, juste en face le camp de Diavata. L’ami a d’ailleurs, dans son petit discours, fait part de sa colère et pointé les responsabilités de ce qui se passe à Moria (Lesbos) où le camp a brulé. Qu’à cela ne tienne, on a fait un nouveau camp (de concentration) où la règle est « compelle intrare » et où les positifs au COVID19 sont séparés de leurs compagnons d’infortune par des barbelés. Et par ailleurs, Erdogan (surtout) et Mitsotakis vont recevoir de l’Union européenne quelques milliards supplémentaires. J’ai sursauté quand Jean Ziegler, infatigable combattant des Droits de l’Homme (« Lesbos, la honte de l’Europe » - Seuil ) a comparé sa situation de visiteur à Lesbos avec celle de Curzio Malaparte devant le ghetto de Varsovie (« Kaputt ») . Je ne sais pas s’il pensait au soutien apporté à Ursula Von der Leyen par le gouvernement polonais de Beata Szydlo, apparemment, ni elle ni Victor Orban n’ont frémi. Je ne sais pas non plus si des journalistes francophones ont été émus : à l’exception notable de la presse chrétienne sociale, le livre de Jean Ziegler n’a guère été cité dans les rédactions ; une exception : le quotidien français « L’Humanité » a correctement cité le passage.

Une question me hante depuis longtemps : la psychologie des voisins des camps de concentration des années 1937 à 1945, depuis le camp des Milles jusqu’à Drancy et Treblinka. J’avais eu quelques réponses troublantes d’abord avec Montreuil-Bellay, puis avec Max Ernst et Hans Bellmer aux Milles et un choc avec « Le garçon au pyjama rayé » de John Boyne, que j’avais lu en anglais (merci Zivvoug), qui est une très belle fable.

Mais me voici avec Moria, avec ces gens que je connais, que je côtoie quand ils sont à Diavata ou font des petits boulots illégaux, une réponse supplémentaire qui m’éclaire et m’accable au sens propre du terme.

Cet accablement et cette colère sont bien rendus dans cette dernière citation de Jean Ziegler qui raconte l’histoire de Jean-Paul, un Camerounais :

«  En décembre dernier, Jean-Paul avait rencontré l’évêque de Mytilène, il sourit à côté de la soutane violette, il mourrait. Il est mort. Ils sont morts, ils mourront. »

Les petites filles ont bien aimé les ballons de l’anniversaire. 

 

 

 

 

 

 

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