A propos de Jean Baubérot et d'un de ses détracteurs angevins.
Je reviendrai un jour sur Jean Monnier, ancien maire d’Angers décédé en octobre 2018 et dont l’actuel président de la Fédération des Oeuvres Laïques a été l’adjoint. Cette municipalité démocrate-chrétienne (alors sous étiquette Union de la Gauche, car Jean Monnier avait opportunément conquis la fédération du Parti socialiste) a pu être élue en 1977 grâce à la patiente activité en Anjou des militants d’action catholique, tant au PS (SFIO) qu’au PCF et au MRP, les organisations syndicales étaient investies : les patronales (CNPF, FDSEA), comme les organisations de salariés : CFTC/CFDT étaient au coeur, mais la CGT et FO n’étaient pas épargnés. Pas plus évidemment que les organisations étudiantes, les organisations sportives ( « L’Intrépide » de Daniel Raoult… entre autres) et la FOL (il y a même eu une scission maoïste chez les étudiants chrétiens - ah ! La foi et les œuvres!)
A la fin de la décennie 1960, la bataille était d’ailleurs rude chez les cathos où les « Monniéristes » doivent tant à un évêque, Henri Alexandre Chappoulie, décédé en 1959 à Abidjan, dans des circonstances accidentelles que d’aucuns ont considéré comme suspectes.
En 1959, la CFTC avait son siège face à la cathédrale d’Angers, dans une propriété liée à l’évêché, et était haïe au même titre que les communistes par l’extrême-droite locale qui, dans les derniers soubresauts de « l’Algérie française », avait attaqué ces locaux à la grenade (« Commando Claudius »). Mais, consolation, une branche royaliste dissidente de l’Action française, dirigée par un syndicaliste chrétien, soutenait le Roi Jean.
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Aujourd’hui je vis loin du Maine-et-Loire, je n’y ai plus aucune responsabilité, aussi quand je vois qu’un ancien ancien adjoint de Jean Monnier, signe es qualité de président de la Fédération des Oeuvres Laïques 49 (FOL49), un courrier qui attaque le sociologue Jean Baubérot au grief fallacieux de son adhésion à la « Laïcité ouverte », je me sens autorisé à poser des questions et à donner une appréciation, non pas sur l’histoire que je viens d’évoquer, mais sur le contexte récent.
En mai 2021, dans le congrès fédéral de la Libre Pensée où j’ai rendu mes mandats de quelques décennies et fait mes adieux (belle réunion, au demeurant) , j’ai posé deux questions à propos de la FOL49.
1.) Existe t’il encore, au moins à l’état de traces, des militants orphelins de la tradition de Louis et Gabrielle Bouet, celle de la liaison entre la défense de l’école laïque et la lutte des classes ?
2) Si la réponse à la première question n’est pas totalement négative, qu’est-ce qu’on fait ?
L’actuelle direction de la FOL49 laisse derrière elle un désert. La désertification a des causes multiples, dont celles que j’ai évoquées, mais parlons du présent. A l’automne 2020 le cours liberticide des gouvernements Macron a franchi un pas en s’attaquant à la loi de 1881 sur la presse, à la loi de 1884 sur les syndicats, à la loi de 1901 sur les associations, à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’État.
J’ai été de ceux qui ont cherché - et partiellement réussi - à regrouper pour défendre ces lois du socle républicain et les libertés publiques qui leur sont liées. Cela a conduit à regrouper au plan national La Ligue des Droits de l’Homme (LDH), la Ligue de l’Enseignement (à laquelle appartient la FOL49) , la Libre Pensée et de multiples organisations syndicales et associatives (parfois d’origine confessionnelle). Au plan local la FOL a fait silence radio. Nous avons regroupé, mobilisé, manifesté, fait (un peu) reculer. Le gouvernement s’est lui appuyé sur un rance conglomérat au centre duquel on trouve le magazine Marianne, le « Collectif laïque » dont « l’Anjou laïque » journal de la FOL a fait la promotion, et le groupe politique du « Printemps républicain », dont une activité essentielle était de réclamer la disparition de « L’observatoire de la laïcité », ce qu’il a fini par obtenir. Jean Baubérot, aux côtés de qui j’ai eu l’honneur de travailler, s’engage aujourd’hui contre cette politique avec « La Vigie de la laïcité ». J’aiderai si je puis.
Mais cela me permet de répondre aux deux questions que j’ai posées il y a quelques semaines : des centaines de jeunes, souvent peu au fait de cette histoire, ont manifesté avec nous pour la défense des libertés publiques : j’ai vu de jeunes institutrices (oui, j’emploie toujours cette appellation) des conseillers municipaux, des étudiants. C’est là que se trouvent les graines qui refleuriront quand la terre craquelée sera irriguée.
Si la LDH, la Ligue de l’Enseignement, la Fédération Nationale de la Libre Pensée poursuivent leur action commune contre les lois liberticides, elles rencontreront la jeunesse pour qui c’est une question vitale. Mais à cette jeunesse il faut transmettre et non ratiociner et laisser penser que l’avenir ressemblera à ce qui a provoqué la faillite.
Je défends ici le nom d’un prêtre donné à un collège que je connais bien, le collège Clément-Janequin, à Avrillé près d’Angers ; un prêtre mais surtout un grand compositeur de jolies chansons d’amour.. Et je suis pour une école Marie-Thérèse Châlons à Angers ou dans le Baugeois. Je ne retrouve plus sur youtube (cette saloperie fonctionne comme facebook) la chanson que je voulais. En voici pourtant une avec video. Mais si vous le voulez allez sur Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8844624c.media