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Publié par Michel GODICHEAU

J’ai bien des chantiers en cours, mais après tout, je m’offre une escapade dominicale jusqu’à Chenonceau, car j’ai la nostalgie des cygnes du Cher.

 

Louise Guillaume de Fontaine, épousa M. Dupin à 16 ans, car son père en avait décidé ainsi. Son père était fermier général et M. Dupin le devint bientôt aussi. Ils constituèrent ainsi une grande fortune et le Château de Chenonceau en fut bientôt le joyau. Que faire à 26 ans, alors qu’on a reçu au couvent une bonne éducation et qu’on est issue d’une noblesse cultivée et que votre mari possède à Paris, sur l’île Saint-Louis, l’hôtel Lambert , utilisé par Mme du Châtelet et Voltaire pour y tenir salon ? On ouvre à son tour un salon littéraire où philosophes, abbés de cour, conteurs, musiciens et littérateurs viennent chercher à briller. C’est Mme Dupin qui fournit la lumière : le portrait produit par Nattier vers 1730 en est une confession.

Comme Émilie du Châtelet (elles ont le même âge) elle se heurte à la quasi impossibilité d’écrire sous son propre nom , mais si Mme du Châtelet pourra avec l’appui de Voltaire publier la traduction française de deux ouvrages de Newton, Louise publiera sous le nom de M. Dupin et en collaboration avec lui, une critique de l’Esprit des Lois de Montesquieu : elle y défend le luxe dont elle sait s’entourer et son fermier général de mari est évidemment d’accord. Montesquieu qui avait craqué pour Mme Dupin en fut plus que marri.

Et Jean-Jacques ? Rousseau fut introduit près de Mme Dupin dans le salon parisien, mais il la suivit bientôt partout, lui tint lieu de secrétaire et de précepteur pour l’un de ses enfants, il se livra un jour à une déclaration d’amour, mais fut gentiment éconduit. Ils restèrent amis.

 

Et Rousseau qui, sur le point du luxe et de la richesse, était d’un avis bien plus proche du châtelain de La Brède que de la châtelaine de Chenonceau, en tirera cette réflexion :

 

« Les anciens politiques parlaient sans cesse de mœurs et de vertu ; les nôtres ne

parlent que de commerce et d’argent. L’un vous dira qu’un homme vaut en

telle contrée la somme qu’on le vendrait à Alger ; un autre en suivant ce

calcul trouvera des pays où un homme ne vaut rien, et d’autres où il vaut

moins que rien » .

Rousseau est parfois si contemporain...

Source de la dernière citation : J.-J. Rousseau, OC, t. III, p. 19 (Discours sur les sciences et les arts, seconde partie) – cité par Labro Catherine, « Le débat Rousseau/Montesquieu dans le premier Discours : réception et médiations », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 2012/1 (N° 35), p. 135-145. DOI : 10.3917/rfhip.035.0135. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2012-1-page-135.htm

 

Montesquieu, Rousseau… Louise les rendait fous…

A Chenonceau le beau-fils de Louise avait un orchestre de 20 musiciens. Luigi Boccherini y fut-il joué ?

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