"En population générale"

Hier matin il y avait de nouveau foule devant la salle Horizon Pyrénées où s’effectuent les tests PCR . Positifs, cas contacts ou autres, « la population générale » était là. Les gens étaient sages et graves, parlaient réveillon à finir d’organiser ou à annuler, une dame à cheveux blancs était venue avec sa maman qu’elle soutenait, deux adolescents en jogging, des frères, sans doute, paraissaient angoissés, une petite famille avec des enfants en bas âge avait bien du mal à organiser 1h30 (ou plus?) de queue. Une vieille dame (sans doute pas plus âgée que moi) , trop discrète, se soutenait de sa canne et des barrières. Elle était loin devant moi ; en avril, du moins, il y aurait eu un régulateur pour la faire passer, là il y avait juste la sécurité : quelques jeunes femmes, dont une avec un chien. J’avais dû gratter le pare-brise de la voiture à neuf heures, mais maintenant le soleil rendait l’attente supportable. Une voiture avec une sonorisation très puissante s’est approchée de l’espace où la queue était organisée, le conducteur, qui paraissait énervé, énumérait les multiples sanctions et condamnations de la firme Pfizer depuis vingt ans, pour inciter les gens à ne pas se faire vacciner : le fait que nul n’était là pour cela n’avait pas l’air de le perturber. Une des jeunes femmes de la sécurité a appelé une collègue et commencé à faire mouvement avec son chien : le ballet semblait rôdé depuis des jours, l’homme s’éloigna doucement en contournant la salle et en diffusant des bêlements de moutons. Le tout n’a suscité ni murmures, ni sourires. Moi, ça me rappelait Umberto Eco, ses positions, comme les BD dont il fut scénariste : la guerre de Troie racontée par Homère dit-il en substance, est la première grande conspiration universelle : l’attribuer aux Dieux, aux juifs, aux francs-maçons, aux musulmans, à Bill Gates ou au jésuites, c’est chercher à échapper à nos propres responsabilités. Et c’est ouvrir la voie au Chaman du Capitole, à ses mentors et ses acolytes !

A Horizon Pyrénées, quatre femmes dans deux Algeco assuraient la procédure et les prélèvements. Toutes étaient aimables et prévenantes et – là c’est un peu le privilège de la région – les patients le leur rendaient bien, saluant et remerciant. Tout le personnel était de droit privé, et quand j’ai eu la curiosité d’appeler les sites gouvernementaux dont le numéro était noté sur les documents officiels, je n’ai pu parler qu’à des robots.

La nuit précédente (en Guadeloupe c’était l’après-midi) c’était davantage Robocop : les gendarmes français importés ont arrêté puis relâché, sous pression populaire, le camarade Élie Domota , leader du LKP, qui manifestait avec la population contre l’insécurité sanitaire et la répression . Là on avait trouvé des fonctionnaires, déplacés de métropole et non soumis à l’obligation vaccinale, mais en revanche largement indemnisés, pour appliquer les vieilles méthodes coloniales. Mais la population générale pourrait bien leur sauter à la gorge !

Le chant du LKP avec (si j'ai bien reconnu sa voix) quelques mots d'Elie Domota en intro.