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Publié par Michel GODICHEAU

 

J’ai un ami qui dit (en Grec) : « Je ne suis pas Pontique, je suis Caucasien ! ». Caucasien comme Tugan Sokhiev, que M. Moudenc, maire de la quatrième ville de France, vient de pousser à démissionner de son poste de directeur musical de l’Orchestre du Capitole (Sokhiev partageait son temps entre Toulouse et le Bolshoï dont il a aussi démissionné). M. Moudenc ferait bien de regarder ce qui se passe entre le delta du Danube et la mer Caspienne et, même si le maestro n’est pas rancunier, je lui déconseille le voyage en Ossétie du Nord.

Les principes de la propagande de guerre se déploient avec précision et chacun est sommé de choisir son camp. La télévision officielle turque (TRT) publie des vidéos où l’on voit des citoyens de Kherson (Ukraine), manifester avec drapeaux ukrainiens et tatars mêlés. Dans le Caucase, mais aussi le Pont-Euxin (d’où le nom de Pontiques), les descendants des Sarmates et des Alains cohabitent (entre autres) avec les Tatars, du moins les descendants de ceux qui ont survécu à la grande déportation organisée par Joseph Staline. La Turquie manifeste ainsi sa volonté d’obtenir des compensations de l’OTAN dont elle est membre, car sa prise de position « ukrainienne » pourrait lui valoir des soucis du côté d’Idlib (Syrie), c’est d’ailleurs ce que laisse entendre la déclaration de Poutine, sur le rapatriement sur le front ukrainien des « combattants de Syrie ». Bon, donc en France c’est l’Union nationale : les conseillers départementaux du Maine-et-Loire, droite et gauche confondus ont fait une photo autour d’un immense drapeau ukrainien. Cela m’a fait sourire, mais seulement parce que j’ai vu que certaines calvities avaient progressé (chez les messieurs seulement).

La propagande de guerre n’épargne pas les milieux pacifistes : en 1918, Sébastien Faure soutenait les républiques transcaucasiennes installées contre les bolchéviks… et puis peut-être Lionel Jospin a t-il raconté aux vieux citoyens de Cintegabelle ce qui était arrivé à son papa en 1940 et l’excellente exposition sur la propagande de guerre préparée par Anne Morelli est-elle même devenue un enjeu (diable!).

Il faut donc en revenir aux principes. Le discours de Poutine, qui annonçait la guerre, s’en prenait d’abord à Lénine et aux bolcheviks, responsables d’avoir donné à l’Ukraine moderne une existence nationale. Poutine manifestait là sa vraie nature : officier du FSB (KGB) son vrai boulot d’hier était de finir d’effacer la Révolution des Soviets, tâche que Staline avait commencé à exécuter au milieu des années 1920. Poutine et les oligarques se partagent aujourd’hui une rente foncière, minière et gazière qu’ils ont volé aux peuples de l’ URSS.

Je vous avais donc promis Scriabine, un de mes compositeurs préférés. Je ne connais pas les références politiques et philosophiques de Tugan Sokhiev, mais Alexandre Scriabine était à la fois russe, mystique et porté sur la théosophie (dont vous financez les successeurs quand vous achetez Weleda)

Je ne sais pas quelle aurait été sa position en 1917. Igor Stravinski était un calotin moraliste ultra-orthodoxe, Sergueï Prokofiev (tiens un Ukrainien !) navigua comme il put, tout comme Chostakovitch que Sokhiev a magnifiquement servi.

En lisant l’expression employée par M. Moudenc, j’ai pensé à Sandro Botticelli, à Leonardo da Vinci, à Girolamo Cardano, à Galileo Galilei, qui ont dû, au péril de leur vie, passer leur temps à ne pas « clarifier leur position ».

Une interprétation époustouflante ! (prochaine note l'ONCT avec Sokhiev et Chostakovitch...)

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