Le nouvel antisémitisme, Netanyahu et le barrage sur la Rance.
L’expression « nouvel antisémitisme » proposée en 2018 par Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, était dirigée contre les musulmans à qui on prêtait l’invention d’un antisémitisme « coranique », plus dangereux que l’antisémitisme « évangélique » . Cette distinction théologico-charliesque avait reçu l’onction des philosophes de plateaux TV. Elle a sans doute atteint son acmé le 12 novembre, les partisans de l’antisémitisme évangélique étaient, par transsubstantiation, devenus des militants de la lutte contre l’antisémitisme, pas le premier, mais le second, que l’ancien comique et des philosophes encore plus sinistres avaient inventé. Double avantage : Netanyahu devenait un allié et les victimes civiles, mais supposées musulmanes, des bombardements, des criminels. Avantage dérivé : en matière de perspectives électorales, les mouches ont désormais le droit de changer d’âne et il n’y a plus de barrage sur la Rance. En réalité le paradoxe vient de plus loin. (Saint) Isidore de Séville, au VIIe siècle est le premier à avoir envisagé des mesures contre les juifs pas du fait seulement de divergences religieuses mais au nom de la « salubrité publique » et le roi wisigoth Sisebut est le premier à les avoir mises en musique. A l’époque, dans le sud de l’Espagne, les communautés chrétiennes et juives s’interpénètrent encore suffisamment pour que des historiens emploient le terme de syncrétisme. Il fallait donc provoquer ce qu’on n’appelait pas encore une « épuration ethnique », les juifs devaient se convertir ou quitter le pays. On comprend mieux pourquoi les juifs d’Espagne accueillirent globalement l’arrivée des troupes arabes avec soulagement. Mais rien n’était réglé : dans les siècles suivants, après la Reconquête, les musulmans arabes ou berbères,les morisques (musulmans convertis au catholicisme), juifs, marranes (juifs convertis au christianisme et qui pratiquaient leur religion en secret) et même parfois mozarabes (chrétiens arabisés d’Al Andalus) furent contraints à l’exil.
Au XIXe siècle, un nouvel antisémitisme nait effectivement en Europe, ce n’est pas la foi juive qui est en cause , c’est l’essence des juifs «Admettre [les juifs] dans la société chrétienne c’est déclarer que le déicide dont ils portent la malédiction perpétuelle ne touche plus notre génération. Oui, ils sont maudits et nous sommes chrétiens. » écrit le quotidien La Croix le 6 novembre 1894. dès lors, vexations et persécutions ne suffisent plus : il faut les extirper « pour pouvoir continuer à vivre dans une société qui pourra encore se dire chrétienne ». L’antisémitisme moderne est là avec ses millions de morts.
Mais n’est-ce pas le programme qu’applique Netanyahu contre les Palestiniens (musulmans et chrétiens ou considérés comme tels) ? Et peu lui importe qu’en procédant ainsi il mette en danger les juifs un peu partout dans le monde.
Et pour aller un peu plus loin : au Portugal du temps des « apparitions de Fatima », il fallait bien , quand on était « à droite toute » , expliquer que les juifs étaient pour quelque chose dans le recul de l’influence de l’église catholique. Problème : il n’y avait plus de juifs dans le pays… mais il y avait quelques descendants de marranes et il y avait des franc-maçons : on a fait un joli pâté de tout çà et inventé le complot judéo-maçonnique. Ceci était un message de service.
Au bon temps des Pays-Bas espagnols le compositeur a été soupçonné d'hérésie. C'est de la musique chrétienne ?