Le Liban et la Bosnie-Herzégovine
« La Turquie se trouve dans la péninsule balkanique, dans le coin sud-est de l’Europe. Depuis des temps immémoriaux, ce pays a symbolisé la stagnation, l’immobilisme et le despotisme. Sur ce terrain, le sultan de Constantinople n’est en rien inférieur à son frère de Saint-Pétersbourg, il le surpasse même. Des populations de races et de religions différentes (Slaves, Arméniens, Grecs) furent soumis à de diaboliques persécutions. Mais le peuple du Sultan lui-même – les musulmans turcs – ne vivait pas dans le bonheur. Les paysans étaient pratiquement tenus en esclavage par les agents de l’administration et des propriétaires fonciers.[…] Les gouvernements capitalistes d’Europe, tels des chiens affamés, encerclaient la Turquie prêts à s’en disputer les dépouilles. Et le Sultan Abdul Hamid continuait à accumuler les dettes dont le paiement saignait à blanc ses sujets.Le mécontentement du peuple grandissait depuis longtemps et sous l’impact des événements de Russie et de Perse, il s’est maintenant manifesté ouvertement . [...] »
Le texte examine ensuite les résultats des événements de 1875-1878, qui avaient abouti à la guerre russo-ottomane, à l’intervention des grandes puissances et à la conférence de Berlin (juillet 1978) qui dépouille Abdul Hamid (notamment de la Bosnie-Herzégovine occupée et de Chypre : nous sommes déjà tout près du Liban) et les met en relation avec les premiers reculs du Sultan en 1908 (embryon de parlement dominé par les Jeunes Turcs).
« Tout le pays fut alors saisi d’une grande activité. Les meetings succédaient aux meetings. En nombre, de nouveaux journaux furent publiés. Comme réveillé par un coup de tonnerre le jeune prolétariat se mit en mouvement. Des grèves éclatèrent, des organisations ouvrières furent créées. A Salonique, fut lancé le premier journal socialiste. […] »
« L’Autriche s’était emparée , il y a trente ans, de deux provinces (la Bosnie et l’Herzégovine, peuplée de Serbes). Dans le langage codé du banditisme diplomatique, cet acte de pillage s’intitule une « occupation », c’est-à-dire une prise en charge temporaire de ces provinces.Mais il y a maintenant trois décennies que l’Autriche maintient une domination sans partage sur ces possessions […] L’Autriche se hâta de proclamer que son occupation était désormais une « annexion ».
Et voici la conclusion :
« Le meilleur service que nous puissions rendre aux serbes de Bosnie comme à tous les peuples opprimés sera de faire tomber la couronne de la tête de Nicolas II. Nous ne pouvons donner le moindre appui aux baïonnettes tsaristes -des baïonnettes souillées de notre propre sang. »
Je soumets ce texte aux amis attachés comme moi à la survie et à la souveraineté des peuples de Palestine et du Liban et à la paix dans les Balkans. Et j’avoue que je ne sais pas le nom de l’Archiduc Ferdinand d’aujourd’hui , au départ, je me souvenais juste de la couverture du « Petit Journal » reproduite dans un manuel scolaire lors de son assassinat à Sarajevo en 1914. En revanche, pour le reste, nous avons les noms et les lieux. Je citerai d’abord Beyrouth, Tyr et Sidon. Et bien sûr Al-Quds et Gaza.
Cet article a été publié le 17 décembre 1908, en russe, dans la « Pravda ». Plus tard (et si vous n’avez pas trouvé), je vous dirai qui l’a écrit.