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Publié par Michel GODICHEAU

On pourrait dire bien sûr qu’entre « Pépé Mégot » et « Pépé le Moko » il y a tout le cinéma et s’arrêter là en se disant qu’il ne faut pas prendre Gabin pour Jean Lefebvre… il y a mille autres trucs énervants (Ah le CNN de FO!)… J’ai lu, un peu vite, avec un crayon à la main.

Au bout de 167 pages je me suis posé la question : pourquoi ce livre ? J’ai cherché, même dans les recoins soupçonneux de ma mémoire ou de celle de mon PC (par exemple un article de la revue « Esprit » de 1984 -celle où Macron écrivait avant qu’il n’ait des tics nasotropes). Oui, « Esprit », « L’Obs », « La Croix », ce n’est pas rien. Mais d’un autre côté, François Bazin n’a pas l’air plus calé que cela en théologie, l’encyclique « Rerum novarum » ne semble pas faire partie de son bréviaire, il défend à peine la CFDT et semble n’avoir rien compris au SPULEN contre lequel nous avons engagé une bataille qui a changé bien des choses (Les mémoires de Savary sont pourtant explicites). Un autre vide relatif m’a interrogé : le stalinisme, le vrai, celui qui va de Jacques Duclos à Fabien Roussel, et qui n’est pas une idéologie, mais seulement la ramification d’un appareil international voué à une seule cause, sa survie comme organisation criminelle et usurpatrice. Je dois à Duclos un souvenir cuisant : le jour de sa mort , le 25 avril 1975, j’arrivais du Portugal et je me suis fait éclater le nez par un membre du SO du PCF. D’autres ont été assassinés en Espagne, dans la Résistance… tout cela est connu (pas assez). Mais le coup de boule et le sang versé ont peut-être eu, en ce qui me concerne, un effet positif indirect : le lendemain Krivine, dont je vendais le journal (qui était aussi celui d’Edwy Plenel) m’a fait savoir que malgré ma photo sanguinolente avec mes journaux rougis, il n’y aurait ni plainte, ni communiqué : cela restait une affaire « au sein du mouvement ouvrier ». Ca soigne. Il est vrai qu’au Portugal, les mêmes pronaient l’alliance peuple-Mouvement des Forces Armées. Alors Pierre Lambert a t-il ou non pesé sur le contenu de la Constitution portugaise de 1976 ? Ah là là, je n’en sais strictement rien ! Ce que je sais, c’est que lorsqu’à été élue la Constituante, en Avril 1975, le PS portugais et le Parti communiste portugais avaient la majorité et que les grèves et occupations continuaient ; qu’il était donc important, comme lors de la Constitution du 6 messidor An I, en France, de prolonger et consolider dans des institutions les conquêtes de la Révolution, cela peut avoir des effets qui se font sentir des siècles plus tard, comme points d’appui de nouvelles vagues révolutionnaires.

Bref, pourquoi ce livre de François Bazin sur Pierre Lambert, seize ans après sa mort ? D’abord pour rectifier, et c’est l’honneur de l’auteur. Dans le premier tiers du livre, il fait litière des ignominies répandues par les staliniens, les sionistes et leurs comparses et continue à s’interroger sur le point de savoir pourquoi alors que, même lorsque les archives et l’histoire ont tranché (sur 1940, sur Messali...) les calomniateurs n’ont -eux- rien rectifié ? La réponse est sans doute dans l’actualité : il n’est que de voir le rôle de Fabien Roussel et de Christophe Bourseiller dans l’actualité française et internationale de 2024.

François Bazin aurait pu trouver dans les numéros de la « Révolution Prolétarienne » du début des années 1950 des échos d’une bataille qui n’est pas terminée. La discussion avec Alexandre Hébert part de là. Ce serait trop long d’en discuter ici, mais les deux avaient en tête, ce qui s’était passé à Londres en 1847. Ce n’était pas le cas de François Bazin, on le comprend. On comprend aussi aujourd’hui, plus clairement que lui, que ne plus être isolé dans sa classe n’est pas sans effet (1969, 2005…). Mais je ne sais pas non plus à qui s’adresse vraiment ce livre. Les militants plongés dans la mêlée sociale ont bien d’autre chats à fouetter. Ils ont déjà compris, pour les plus aguerris, qu’on y prend des coups – pas seulement de ses ennemis - et qu’on en donne aussi. Et de ce point de vue, c’est lisible.

Pour ma part ( Ah, tiens ! Cette expression!), le livre m’a assez souvent fait sourire, ce qui, par les temps qui courent, n’est pas si mal pour se ressourcer avant la mêlée suivante.

Aux obsèques de Pierre Lambert, ce n'était pas cette version, mais j'ai plutôt choisi ce groupe ukrainien pour cette chanson Yiddish traditionnelle.

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