Six heures du matin
A l’heure même où j’écris
Un enfant se cache dans les décombres
Seul, effrayé par tout ce bruit
Il regarde fasciné
Le feu d’artifice
Des balles traçantes,
Il ne connaît que çà.
Il est six heures du matin et je voudrais
Rencontrer Enzo Cormann
Prendre le petit déjeuner avec Desjardins
Qu’Artaud soit mon voisin de chambre
Que le chat me caresse
Que Prévert me fasse rire
Dire au revoir à Rimbaud
Une tarte dans la gueule à Pasqua
Pincer les fesses à Rozenn
Parler dans le couloir avec Anne
Que l’on me présente Michel
Mais surtout que l’on me fasse rire
Rire, Rire.
Et sortir dans la rue
Sans le feu dans mon ventre
Que mes poumons prennent tout l’air
Que la pluie glacée me fasse mal
Que quelqu’un me mette une balle
En nettoyant son fusil
Par accident.Par accident.
Clair Jouin
Bientôt 7 ans. Je m'y suis enfin mis. Les derniers textes de Dom étaient restés sur un carnet. Un certain nombre sont perdus. Quelques-uns ne sont pas publiables, du moins l'avons-nous estimé. Je dis nous car, à cette étape, nous sommes trois survivants à avoir décidé de publier une petite centaine de textes.
j'avais un contrat avec Dom, j'avais une "maison d'édition". Avec Jean-Yves nous avons publié "Pirate en ton île". J'en ai vendu 9 (neuf) que je lui ai réglés. J'espère qu'au printemps paraîtra un petit volume. Peut-être redéposerai-je une marque, mais je n'ai pas envie de le vendre. Dom avait du talent et, même à Guérande quelques-uns le reconnaissaient.
Ce texte n'est pas un de ses meilleurs, mais il a une putain d'actualité !