La chocolatière de la rue Saint-Aubin
Ses propos sont pertinents : Angers n'a guère changé, "ville moyenne à de nombreux
points de vue", son maire et son évêque, on en arriverait à regretter Jean Monnier et l'évêque Chappoulie. C'est toujours le département où, à un bout du département, un sénateur
pouvait naguère conserver le portrait de Philippe Pétain dans son bureau, tandis qu'à l'autre bout les Charette de la Contrie continuent à faire leurs dévotions pascales. On n'oublie même
pas qu'à Angers même, quelques sièges doivent être réservées aux petits-fils des Sillonnistes dont les descendants écrivent les journaux locaux, animent un grand nombre de syndicats (un
garçon 100% à gauche ne m'a t-il pas dit que la JOC était une organisation ouvrière ?) et gruyèrisent l'université. Rares sont les périodes historiques qui ont pu mettre Angers en
mouvement. Il y eut pourtant la Révolution française (voire même avec un peu d'avance "une heureuse révolution se prépare" disait Delaunay le jeune en plaidant contre les Walsh), la Commune de
Paris qui, quinze ans après, donna de l'espace aux ouvriers angevins, pafois issus des paroisses bretonnes ou du trimard, et la vague révolutionnaire de l'après-guerre, qui
butta contre le gouvernement tripartite, mais força à la mise en place d'institutions contre lesquelles on s'acharne aujourd'hui. Mais Angers et Cholet ont créé les premières Bourses du
Travail et aujourd'hui "les manifestations se succèdent tous les jours à la préfecture" dit notre chocolatière ; le fait que Le Courrier de l'Ouest n'ait pas titré sur le psittacisme
épiscopal des odieux propos de Ratzinger que véhicule l'évêque Delmas, lui préférant la belle symbolique du feu, est un indice ( j'irai acheter du chocolat mardi, j'aurai peut-être une
ristourne).