Teaser : le chapitre sur "Le Courrier de l'Ouest"
Cette fois-ci, pas d'exemplaire de presse (vous croyez qu'ils l'achèteront ?)
Le Courrier de l’Ouest
La divine providence offrira peut-être au « Monde » un nouvel avenir, digne de son ancêtre «Le Temps », mais elle ne
saurait, sans ingratitude, abandonner un seul instant mon quotidien préféré du matin (dès six heures, d’habitude). Il continue, par-delà son titre, à porter dans le lectorat du Maine-et-Loire,
des noms que tout le monde comprend : « Le Journal » pour la plupart, « Le Courrier » pour ceux qui hésitent, « Le Petit Courrier » pour les nonagénaires. Les mouvements d’humeur dans le groupe
Ouest-France, qui en est désormais propriétaire, pas plus que la crise financière ne sauraient en avoir raison ; même un synode hostile n’y parviendrait pas, il faudrait au moins un concile et
une prise de position litigieuse sur la Sainte Trinité ! De toute évidence, et même dans ce cas ultime, ce serait une défaite de la religion. Un de ses facétieux journalistes me demandait naguère
si je voulais faire enlever les crucifix des écoles catholiques! La question n’est pas stupide puisque c’est la position des partisans de « la nationalisation laïque du système éducatif » et ce
n’est en effet pas la mienne ; je préférerais au contraire que des « leds » cruciformes monumentaux ornent, tous les deux mètres, les murs de l’Université Catholique de l’Ouest, certains, dans
les couloirs, pourraient même clignoter et éclairer furtivement les amours naissantes des fils de bourgeois... car il n’y aurait bien entendu plus un sou de subventions publiques.
Je pourrais donc sans problème travailler au Courrier de l’Ouest, car j’en connais presque tous les codes. Mais « le journal » arrive encore à me surprendre. Prenez la récession et ses effets dans le bâtiment, et bien, le pavillonneur inquiet que « Le Courrier » a trouvé est un ancien séminariste que ses parents destinaient à la prêtrise et qui explique entre deux développements sur les banques, le crédit et l’habitat individuel, pourquoi il s’en est éloigné. Chapeau bas !
J’ai moins d’affinité avec Ouest-France, capté à la Libération par une autre branche de la même famille. Les éditos de Paul Burel m’évoquent trop la brutalité de l’ordre corporatiste, celui qui réunit les Rohan et les Le Driant. « Le Courrier », ce n’est ni Cadoudal, ni l’irrédentisme, c’est de Charette, Freppel, Chapoulie ; « Le Courrier », c’est Jean Foyer et Jean Turc, Jean Monnier et Marc Goua. Avec « Le Courrier », je ne risque après tout - si « Le Monde » redevient « Le Temps » sous l’occupation - que d’être tué sans sauvagerie et émasculé pour le principe, sans réelle méchanceté. Et Roselyne Bachelot pourrait même avoir un mot aimable pour moi lors de mon procès. Pourtant, je ne suis plus très rassuré : depuis que Ouest-France a racheté « Le Courrier », je rêve parfois de tenailles rouillées et des sabots broyeurs des Dominicains.
Je pourrais donc sans problème travailler au Courrier de l’Ouest, car j’en connais presque tous les codes. Mais « le journal » arrive encore à me surprendre. Prenez la récession et ses effets dans le bâtiment, et bien, le pavillonneur inquiet que « Le Courrier » a trouvé est un ancien séminariste que ses parents destinaient à la prêtrise et qui explique entre deux développements sur les banques, le crédit et l’habitat individuel, pourquoi il s’en est éloigné. Chapeau bas !
J’ai moins d’affinité avec Ouest-France, capté à la Libération par une autre branche de la même famille. Les éditos de Paul Burel m’évoquent trop la brutalité de l’ordre corporatiste, celui qui réunit les Rohan et les Le Driant. « Le Courrier », ce n’est ni Cadoudal, ni l’irrédentisme, c’est de Charette, Freppel, Chapoulie ; « Le Courrier », c’est Jean Foyer et Jean Turc, Jean Monnier et Marc Goua. Avec « Le Courrier », je ne risque après tout - si « Le Monde » redevient « Le Temps » sous l’occupation - que d’être tué sans sauvagerie et émasculé pour le principe, sans réelle méchanceté. Et Roselyne Bachelot pourrait même avoir un mot aimable pour moi lors de mon procès. Pourtant, je ne suis plus très rassuré : depuis que Ouest-France a racheté « Le Courrier », je rêve parfois de tenailles rouillées et des sabots broyeurs des Dominicains.