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Publié par Michel GODICHEAU

Dans quelques mois  L'association  républicaine du  Monument de la fédération Bretonne-Angevine de Pontivy  célébrera son 220ème anniversaire.

En effet, le 21 février 1790  les délégués  venus des ci-devant provinces d'Anjou et de Bretagne prêtaient le serment suivant :

 
 
           
     
   


Pacte d'Union

" Nous, Français Citoyens de la Bretagne et de l'Anjou, assemblés en congrès patriotique à Pontivy, arrêtons d'être unis par les liens indissolubles d'une sainte fraternité, de défendre jusqu'à notre dernier soupir la Constitution de l'Etat et les Décrets de l'Assemblée nationale.

Nous déclarons solennellement que n'étant ni Bretons ni Angevins, mais Français et Citoyens du même empire, nous renonçons à tous nos privilèges locaux et particuliers.

Nous déclarons qu'heureux et fiers d'être libres, nous ne souffrirons jamais que l'on attente à nos Droits d'Hommes et de Citoyens, et que nous opposerons aux ennemis de la Chose Publique, toute l'énergie qu'inspirent le sentiment d'une longue oppression et la confiance d'une grande force.
"

21 février 1790

 

Au moment  où les  Le Driant , les Rohan, les Bouygues et les Sarkozy  font cause commune pour tenter d'habituer l'opinion à un retour aux provinces qu'anticipe le rapport Balladur, l'association, qui s'appuie sur l'aspiration  à l'application   des  Droits de l'Homme et du Citoyen  célébrera à juste titre cet anniversaire et une délégation angevine sera bien sûr présente.

Un des moteurs de cette fédération  furent  à Angers les frères  Delaunay, tous deux juristes. Nantis d'une importante popularité du fait de  leur lutte, contre la réaction nobiliaire, qui faisait rage  sous Louis XVI et dont témoigne, en Picardie les écrits qui devaient mener Gracchus Babeuf  à se poser le problème du communisme.

Le travail  de Babeuf, comme "feudiste" et "commissaire à terrier"  est de rechercher  les droits féodaux quasi-éteints mais attestés par la coutume pour que les seigneurs puissent les remettre en vigueur contre les paysans.

En Anjou le même mouvement réactionnaire qui précède les révolutions existe. Les années qui précèdent  la Révolution sont un "petit âge glaciaire"  et  les paysans  n'arrivent ni à se nourrir,  ni à se chauffer. Un paysan  de Saint  Georges sur Loire  récolte du bois  sur sa tenure, en étêtant des chênes qui bordent une allée ;  le Comte de Serrant ,  seigneur grand justicier, qui n'exerçait plus ces droits depuis des décennies , le fait  condamner par la justice de bailliage. Le frère de Delaunay ,dit Delaunay le jeune, l 'aide à faire appel devant la justice royale... et gagne. Cela vaudra aux deux frères  une carrière de députés;

C'est donc logiquement que  Joseph Delaunay  se retrouve  à Pontivy pour l'abrogation des privilèges provinciaux puis fait partie de la délégation qui  se rendra à Paris pour réclamer et obtenir la suppression de la gabelle.

Dans l'Anjou Laïque (encore)  de juillet 2009  on lit pourtant, sous la plume de J-P Brachet  -qui titre "Un politicien affairiste : Joseph Delaunay"- à propos de Pontivy " Le pacte conclu, Delaunay est reçu à Paris par l'Assemblée constituante puis par Louis XVI auquel il assure avec flamme la reconnaissance des français qui savent "combien vous les aimez  et combien vous méritez qu'ils vous aiment"

En adoptant à l'égard du roi Bien Aimé(oui, plus que Louis XV), le style fleuri qui  régnera un peu partout  jusqu'à Varennes, Delaunay  se préparait-il à  devenir le politicien affairiste qui sera guillotiné pour sa corruption dans l'affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes ? A ce compte là on pourrait enquêter pour savoir si la montre  de première communion de Julien Dray (on offre des montres pour la Bar-Mitsva ?) n'était pas un peu grosse pour son âge...

Ce qui est plus curieux  c'est que cet article  qui ne revendique comme source  que le très réactionnaire "Anjou historique" de 1935  ne  dit pas un mot du Monument de Pontivy, ni bien sûr de sa signification.

La Révolution de 1789 continue à avoir dans l'Anjou Laïque un curieux traitement.

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