On prend les mêmes et on recommence ?
Au nom de quoi ? De la social-démocratie dit-il :
« Selon la doxa marxiste-léniniste, ce qui précède (suffrage universel, pluripartisme etc.) illustre une seule forme de démocratie, qualifiée de « bourgeoise », à laquelle les tenants de cette doctrine entendent substituer la dictature du prolétariat. La dictature, fut-elle du prolétariat, est évidemment le contraire de la démocratie. »
Examinons dans le détail cette citation. La « doxa », du grec δοξα (opinion, conjecture) est chez Parménide un ensemble hétérogène de points de vue et de préjugés que Platon appelle l’opinion. C’est d’ailleurs pourquoi le philosophe doit procéder « para doxa », « contre la doxa », pour approcher l’Etre (Parménide) ou la sagesse (Socrate). Je n’en disconviens pas et la suite va l’établir, Alain Besson paraît, sur ce point du moins, victime d’une doxa.
Mais examinons « la doxa marxiste-léniniste » . Le « marxisme-léninisme » n’est guère ma tasse de thé (d’ailleurs je préfère le café) : cette expression apparaît après la mort de Lénine forgée par ceux qui deviendront les staliniens. Parmi les derniers « marxistes-léninistes » en exercice, il ne reste guère que les dirigeants chinois qui fournissent sans doute les chaussettes à Alain Besson comme à moi, en faisant suer la plus-value au prolétariat le plus nombreux au monde.
Faisons un instant l’hypothèse que Marx ait quelque chose à voir là-dedans : cela nous permettra du moins d’aller vérifier. Qu’en est-il du suffrage universel et du pluripartisme ? Une expression incomplète du suffrage universel a été conquise par le peuple en armes en 1848, en 1946, il s’élargit aux femmes ( un siècle !) , mais pas aux colonies ni dans les départements français d’Algérie. Bref , Alain Besson et moi-même sommes nés avant le suffrage universel ! Le pluripartisme n’est pas une des caractéristiques de la démocratie : la Restauration, le IIème Empire, l’Etat français de Pétain sont des périodes de pluripartisme ( le RNP et le PPF, par exemple !). Parlons plutôt de l’expression publique des opinions et de la faculté de se regrouper en partis politiques sur cette base. Ce fut précisément le cas de façon éphémère du 26 mars 1871 à la « semaine sanglante » qui commence le 21 mai de la même année pour imposer, au prix de 30000 morts, le retour de la dictature de la bourgeoisie. Mieux, les mandats étaient révocables et le salaire des élus ne pouvait pas être supérieur à celui d’un ouvrier qualifié. Mais il y a un problème : c’est précisément cela que Marx appelle « un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l'émancipation économique du travail » ( K. Marx « La Guerre civile en France » -texte intégral : http://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm)! Manifestement, dans cette affaire, quelqu’un se trompe ou nous trompe ! (à suivre).