Artus Le Preux.
Les lecteurs de « Autre chose que des motherfuckers » se souviennent peut-être du pedigree de M. Patrick Artus, un ex de la « Caisse des dépôts » (IXIS, plus précisément), aujourd’hui toujours expert et directeur des études économiques chez Natixis.
Cet homme expliquait en 2003 les conséquences de l’expansion du crédit née de la crise du dollar de 1971-1973. Au fur et à mesure où le volume de crédit (ie. de monnaie) s’éloigne de façon déraisonnable des bases matérielles de la production (toujours réalisée par les prolétaires, mais ce n'est pas M. Artus qui parle !), il se pose un problème aux capitalistes : comment réaliser la valeur créée et poursuivre l’accumulation (en s’offrant au passage ce qui fait l’agrément de la vie) ? On doit, disait M. Artus « en trouver la contrepartie soit dans le prix des biens, soit dans celui des actifs »(1) (entendez les valeurs mobilières). Le premier terme (les biens), indique d’où vient la spéculation sur l’immobilier, mais aussi les matières premières et les denrées alimentaires, le second (les actifs), correspond à la spéculation sur les actions, les obligations et les produits dérivés. L’analyse de M. Artus , qui n’excluait pas un retournement et préconisait une relance (entre autres) par l’économie verte, était donc sur ce point pertinente. Dans Le Monde du lundi 17 mai (oui, bon, j’ai voyagé en train et parfois j’achète Le Monde, personne n’est parfait), M. Artus reprend son raisonnement et indique à sa façon que les plans de rigueur (outre qu’ils jettent à la rue et condamnent à la misère) , aggravent en fait le problème : réduire le déficit c’est risquer la déflation et rendre plus aléatoire la réalisation de la valeur, il préconise à mots couverts de jouer sur une inflation maîtrisée (quantitative easing ) ... et des achats de dollars, c’est-à-dire des ventes d’euros pour le faire baisser. Une solution qui n’est, au fond, pas très éloignée de celle appliquée en Argentine...Mais le système peut s’emballer comme le couple peso-dollar l’a démontré. Des avis ?
(1) Revue "Politique étrangère" N°3/4, 2003