Des lilas pour Stéphanie.
Un article de Stéphanie Le Bars dans « Le Monde » sollicite la loi de 1905 de séparation des
Eglises et de l’Etat et je m’aperçois qu’un certain nombre de mes petits camarades prennent encore au sérieux la presse assomptionniste. Ils n’ont d’ailleurs pas tout à fait tort, car c’est une
presse pleine d’intentions. Le titre de l’article : « Quand la loi de 1905 permet à une mairie de financer une église » est déjà magnifique. La loi de 1905 a pour objet principal
de supprimer le budget des cultes, il faut donc oser titrer cela. Il est vrai que le 25 décembre 1942, Philippe Pétain et Pierre Pucheu, soucieux de faire plaisir au cardinal Suhard et dans la
lignée des cadeaux faits à l’école catholique l’année précédente, ont fait un joli cadeau : l’acte dit loi promulgué symboliquement ce jour de Noël dénature la loi de 1905 par un
nouvel article 19. Il s’agit là d’une vraie transsubstantiation : les subventions accordées aux édifices du culte concernés... ne sont pas considérées comme des subventions. Première
observation : on ne se subventionne pas soi-même, il ne s’agit donc que des édifices construits par l’église catholique, pour son propre compte, entre 1907 et 1942. Deuxième
observation : la dérogation concerne les réparations et non pas les constructions nouvelles. Bref , ce n’est pas en vertu de cela que la nouvelle église des Lilas a été construite.
Mais Stéphanie s’en fout : son propos est de dire qu’il y a actuellement discrimination vis à vis des mosquées (mais il m’amuse de penser que les mosquées pourraient bénéficier du
cadeau fait au petit Jésus), que la loi de 1905 est centenaire et que bon, tout çà ... En tout cas signalons à l’évêque de Saint Denis que le cardinal Suhard avait su remercier Pétain en des
circonstances difficiles lors des obsèques du nazi Philippe Henriot, exécuté par la Résistance, célébrées en grande pompe à Notre-Dame de Paris un mois après le débarquement de juin 1944. Mais la
municipalité des Lilas est socialiste, donc rien à voir.