Dieu comme élément de notre animalité.
Au retour de la manif pour tous, les mamans normales sentent la sueur. L’une d’elle arbore une pancarte « mères porteuses en batterie », un troupeau de femmes au gros ventre y est dessiné : la déshumanisation de l’adversaire est un des dix principes de propagande de guerre. Ces femelles sont gravides des œuvres de Satan et comme les sorcières d’hier, pousseraient sans doute des cris de chat si on les grillait. En réalité, Dieu est tout à fait nécessaire, en effet, pour maintenir les croyants dans l’illusion qu’ils ne sont pas des animaux. La frontière du barbare et celle du nègre ont reculé : même la Caroline du Sud voit à la télé un noir quasi mahométan qui se prétend président… L’avancée des sciences a établi notre totale animalité et cette réalité serait bien effrayante s’il n’y avait pas du moins cette différence des rôles sexuels, qui elle, c’est sûr, a été voulue par Lui. Moi, ce qui m’effraie plutôt, c’est que la controverse de Valladolid ne sera jamais close tant que les tribus humaines chercheront dans un principe métaphysique les raisons qui gèrent leurs comportements sociaux. Cette ultime frontière (mais aussi les autres, qui ne sont pas définitivement abolies) permet de continuer à réduire à un stade inférieur et réifié la femme, le juif, le flamand, le chite, le dalit, le roux… bref, celui que, manifestement, Dieu n’a pas choisi…