Faire friser les livres et les neurones au Château d'Oléron
Les pages des livres bouclaient en cette première édition du festival Cita’Livres au Château d’Oléron, au fond d’un bastion, près de la porte où la pluie continue ne cessait de mêler l’air marin, les haleines et les métaux lourds des nuages ; je rêvais aux modulations des baleines entendues le matin même sur France Musique et à l’étonnement des cardinaux-perroquets lorsque les derniers cétacés devenus cyborgs par nécessité raconteront comment ils ont perdu la foi. Jean-Marc bougonnait dans son manteau d’hiver, on ne vendait guère de livres et il n’y avait pas de hotspot, mais j’aurai appris des choses : que l’île comportait luxueusement deux cantons, que je saurais faire un discours du maire, que les évêques aiment à déjeuner à la table des élus de toutes tendances... J’ai aussi entendu que les gens s'en foutent : c’est vrai, mais moi aussi ! D’ailleurs je n’aime guère les gens et quand j’écris ici je ne m’adresse qu’aux citoyens, aux prolétaires et à ceux qui pourraient conjuguer leurs forces, même si ça doit passer par quelques engueulades sur le statut des baleines ou l’importance du vote. En tout cas la signature de la pétition pour l’abrogation de la Loi Debré me paraît aujourd’hui plus importante. Et quant à l'évêque, les citoyens ne s'en foutent pas.