Le 17 novembre, dans une Grèce occupée par la Troïka
Le 17 novembre 1973 les tanks des colonels qui exerçaient la dictature militaire depuis 1967 pénétraient dans l'enceinte de l'école Polytechnique à Athènes. Au bout de sept ans de dictature, les étudiants de l'école Polytechnique s'étaient enfermés dans l'école. Ils y avaient monté un poste de radio pirate et appelaient le peuple à la révolte. Au bout de trois jours le nombre de manifestants devant l'école inquiéta le gouvernement au point que le soir du 17 novembre, l'armée fut envoyée pour reprendre le contrôle de la situation. Un tank fit tomber les grilles de l'école, tuant les étudiants qui y avaient grimpé, roula sur plusieurs corps, pendant que des soldats tuaient la plupart des étudiants présents dans l'école. Cet évènement marqua le début de la fin de la dictature qui s’effondra un an plus tard, après l’aventure chypriote des colonels (d’après Wikipedia)
Ce 17 novembre 2011 à Limenaria (Thassos), la salle de l’association culturelle était pleine pour commémorer et honorer les étudiants de l’Ecole Polytechnique, un joli montage de photographies des années 70 retraçait la glorieuse journée évoquée par les enfants des écoles dans leurs saynètes dialoguées et leurs chants repris par les parents. Au-delà des discours imprégnés du programme du KKE (Parti Communiste de Grèce), un peuple d’ouvriers et de paysans se regroupait une fois de plus autour de mythes fondateurs. Et c’était important pour deux raisons : la première est que , au moment où l’Union Européenne faisait entrer au gouvernement d’union presque nationale les dignes héritiers des colonels (le LA.O.S), la mémoire vivante de ceux qui avaient subi l’emprisonnement, la torture ou l’exil continuait à se manifester ; la deuxième est que, cette année particulièrement, la presse aux mains des armateurs et des banquiers avait organisé un black out sur cet anniversaire : c’est à peine s’il en fut question sous forme d’images de coups de matraque ou de fumées de grenades chimiques bien actuelles. Qu’importe, les forces se regroupent : de ce point de vue, la présence visible dans les manifs d’une unité spéciale de policiers fournis par l’OTAN pour réprimer les émeutes est, d’un certain point de vue, un aveu de faiblesse : c’est admettre qu’une solution locale à une situation insurrectionnelle serait difficile à trouver. Bel hommage aux « héros de l’Ecole Polytechnique ».