Le Monde avant Niel
La sélection hebdomadaire du Monde n'est diffusée qu'à l'étranger. Elle est savamment composée. Celle du 3 août marie la photo de Bernadette Lafont, le bilan d'Avignon et titre sur 4 colonnes sur l'Egypte. La page 2 et la page 3 sont d'ailleurs consacrées au Moyen-Orient. Page 2, un article d'Hélène Sallon sur l'Egypte, illustré d'une belle et dramatique photo, démontre que l'envoyée spéciale dispose de contacts et de moyens d'analyse. L'article, bien rédigé, se termine par la mission de Catherine Ashton qui "offre aux partisans du président déchu... un répit de courte durée" ; en contrepoint le correspondant à NY montre que "quatre ans après le discours du Caire de Barack obama, rien n'est clair." Page 3 une colonne sur la Tunisie , deux articles sur la Syrie, dont, en réalité, le centre de cette sélection, l'entretien de trois journalistes du Monde avec Ahmed Jarba, chef de l'opposition syrienne, et le général Salim Idriss, commandant de l'Armée Syrienne Libre. Tout cela sans guillemets. L'entretien prolonge la visite de ces deux hommes "de confession sunnite" à F.Hollande et est illustré de deux portraits photographiques de ces personnages. Ces portraits sont terribles et démentent totalement le contenu de l'entretien diplomatiquement policé, militairement argumenté et intéressant à analyser. Ahmed Jarba a la cruauté du chef de guerre quand le général semble las et effrayé de ce qu'il connaît, de ce qu'il endure, de ce qu'il ordonne et de ce qui l'attend. Bref, au tiers de ce journal, il n'y a certes pas les moyens de comprendre, mais on a du moins affaire à une expression journalistique qui rappelle que Le Monde fut jadis un instrument de la politique arabe des gouvernements français. La réalité du terrain c'est Francesca Borri qui la donne dans sa lettre à la Columbia journalist Review, celle des pigistes qui parcourent les champs de bataille à leurs frais pour 70€ l'article à condition de rendre compte du sang, mais pas de la merde et de ne pas parler du fond. Dont d'ailleurs, ils ne savent pas grand chose. Ce faisant et nolens, volens ce papier bouleversant complète et contredit les 3 pages du Monde, mais confirme les portraits photographiques : l'objectif est le chaos au Maghreb, au Machrek, au sud du Sahara, dans le but supposé de réorganiser sous l'égide des USA (et d'Israël). Reprenez sur le site de l'ONU le dossier de la Somalie : vous savez, les initiateurs du Somaliland sont contents d'eux, je les ai entendus se féliciter. C'est l'enjeu de ce qui se prépare contre l'Algérie.