Le rivage des Syrtes
Les Cahiers du Mouvement Ouvrier sont une revue trimestrielle de qualité qui poursuit depuis treize ans un travail d’historiens militants et rigoureux. Les CMO publient dans leur N° 53 (1° trimestre 2012) http://www.trotsky.com.fr , un article de Franck La Brasca sur la Libye de 1911 qui met en évidence l’inculture nécessaire que transmettent les organes d’informations chargés de la propagande de guerre.
Au nom du concept de « nation prolétaire », l’expédition italienne dans le vilayet de Tripolitaine et le mutassariflik de Cyrénaïque a abouti d’une part à jeter les bases sur lesquelles s’édifiera plus tard le fascisme italien et à une colonisation avalisée par ce que l’on n’appelait pas encore la « communauté internationale ».
Le libre penseur y lira sans trop de surprises que l’affaire avait été préparée dès 1881 par le Banco di Roma, établissement étroitement lié au Vatican, mais aussi exaltée par Filippo Tommaso Marinetti et le courant futuriste qui considéraient la guerre comme « seule hygiène du monde ». L’aventure sera provisoirement conclue lors du traité de Lausanne de 1912 par la reconnaissance de la souveraineté italienne sur la Tripolitaine et la Cyrénaïque qui prenaient désormais le nom antique de Libye (empire romain mythifié oblige), ainsi que les iles du Dodécanèse et Rhodes, « que l’Italie s’engageait à restituer à la Grèce (ce qu’elle ne fit évidemment pas jusqu’à la fin du fascisme) ».