Minority Report
Philip K. Dick aurait sans doute pu imaginer que pour traduire ses nouvelles , on doive les faire pasteuriser par la Fox : c’est fait ! Il me semble avoir déjà rencontré le Dr. Jones, psychiatre homéostatique assez consciencieux et j’ai la preuve que Siemens et Vodafone surveillent mon conapt, interviennent dans ma vie et me dépouillent de mes poscreds avec efficacité. Quant à Lord Running Clam, le fongus jaune de Ganymède, c’est pour moi, et depuis très longtemps, un compagnon fidèle, politiquement plus stable que la plupart de mes amis (et ennemis). Bref, il n’y a qu’un truc qui cloche : plus personne ne va dans l’espace et Obama vient d’abandonner les derniers vols habités ; de cela Dick serait très surpris. Avait-il lu Jack London ? Faute d’une vision sociale, il semblait quant à lui penser qu’à l’époque des guerres et des révolutions succéderait une période syncrétique durant laquelle Interplan ou les Ligues Galactiques apporteraient une efficacité à l’expansonnisme interplanétaire. Dick écrivait au moment où Wassili Léontief lui-même pouvait laisser penser qu’une certaine rationalité pourrait surgir d’un système économique global un tantinet contrôlé... Au lieu de cela : nada ! Des troïkas de liquidateurs balayent tout et finiront par se balayer eux-mêmes : ils ont déjà réinventé « Soleil Vert » dans les suites du Sofitel. Heureusement, avec ses petits bras, Philip K. Dick m’aide encore à déménager.