On devrait toujours se méfier de ces titres là.
Je le savais, mais voila, j’ai acheté le bouquin « Histoire secrète du patronat ». Au poids le prix est intéressant, pour le reste bof. C’est l’amicale des anciens du Monde, via Mediapart et rue89 ou de ceux qui auraient bien aimé s’y faire embaucher. La seule nouvelle intéressante que j’aie apprise pour l’instant est que François Ceyrac (CNPF) était le témoin de mariage de Martine Delors, épouse Aubry, mais bon, j’aurais dû lire Closer plus régulièrement, sans doute. Pour le reste, il y a en France un patronat corrompu, un syndicalisme corrompu (surtout FO), des politiciens corrompus... mais pas de luttes de classes ou si peu. On est politiquement correct sur les juifs, un peu moins précautionneux avec les francs-maçons, c’est l’air du temps. Des orientations défendues on ne saura pas grand-chose ou on ne comprendra pas grand-chose, ainsi Jean Monnet est-il présenté à juste titre comme l’homme des Américains, mais alors, pourquoi diable n’y a-t-il par la suite que des banalités sur l’Europe si l’on excepte le ralliement tardif du CNPF au traité de Rome et quelques vilenies sur le DGB ? Les éléments sur le patronat chrétien existent marginalement, mais ni l’encyclique Rerum Novarum ni le rôle qu’elle assigne aux patrons ne sont sérieusement présentés. Yvon Chotard, grande figure du Centre Français du Patronat Chrétien, est seulement présenté comme un cacique proche de l’UIMM et il n’existe pas dans l’index d’entrée pour les « Semaines sociales » organisées en collaboration avec l’épiscopat français (le principal animateur en est aujourd’hui Camdessus, prédécesseur de Strauss-Kahn au FMI). Les mesures du plan Juppé de 1995 sont présentées comme « raisonnables », la notion de « salaire différé » comme une invention du vichyste pompidolien Georges Albertini (un Attali qui aurait réussi) et de FO. L’UNICE (l’organisation du patronat européen) n’est même pas citée dans l’index et des décisions économiques des traités de Maastricht et d’Amsterdam il n’est nullement question, pas plus que de la campagne pour le « oui » engagée par le patronat français. N’exagérons rien : d’excellentes informations sont dénichées à la fin sur le complexe militaro-bétonnier à la française et son intrication avec le domaine des médias, idem sur Veolia ou l’industrie pharmaceutique, les dégâts du LBO sont aussi correctement décrits.
Je vais quand même essayer de prolonger le raisonnement, les auteurs m’en voudront d’autant moins qu’ils ne risquent guère de me lire : si l’on ajoute aux affaires de corruption patronales l’implication des syndicats et les problèmes écologiques, on ne voit pas d’autre solution que de voter Eva Joly en 2012 pour un gouvernement de propreté appuyé sur une Europe rénovée qui s’attaquerait à la fois à la corruption et aux vrais problèmes. Dans le cadre des traités de Lisbonne, Amsterdam et Maastricht, cela va sans dire. Et devant un gouvernement Joly-Cohn-Bendit, je demande la nationalité moldave. (Histoire Secrète du Patronat de 1945 à nos jours – B.Collombat et D .Servenay dir. – 719 p – 25 € - La découverte 2009)