Onfray l'épigone.
Onfray n’est pas anticlérical, il le répète dans « Le Monde » du 5 février : on le
savait ! Il veut faire passer les libres penseurs pour des abrutis et se montre ainsi « athée stupide » ! Il fait, contre toute évidence, du
« Mémoire » de Jean Meslier « la Bible des athées », alors que Jean Meslier dénonce toutes les bibles et réclame une révolution sociale que notre philosophe
redoute ; il tente de d’opposer le curé Meslier à la « Déclaration » du 26 août 1789, la laïcité à l’athéisme et révèle in fine qu’il a failli accéder aux
palmes du martyre du fait d’un attentat perpétré contre lui (et heureusement manqué !) par la « milice freudienne » ! Ouf, la Normandie a failli perdre un génie. Onfray n’est
pas anticlérical : pour lui l’anticléricalisme ce n’est pas la lutte contre le cléricalisme, mais les « débaptisations ». Mais même sur le terrain qu’il choisit, il se montre
puéril et en assimilant baptême et thermalisme et fait preuve d’une ignorance crasse de la place des rites dans la prise de contrôle des corps, et silence sur la
constitution de fichiers privés par la secte vaticane. « La vraie vie athée est ailleurs ! » nous dit le philosophe et fondateur d’un établissement privé
d’enseignement : aux seuls « vrais athées », le soin de découvrir le « grand style » nietschéen et la subtilité dans l’immanence d’une vie consacrée à l’hédonisme !
Le vulgus pecum se contentera d’essayer de combattre les forces matérielles qui l’oppriment et soutiennent son exploitation, du prêtre-ouvrier (R.I.P.) aux
« dominicains de Bordeaux ». L’allusion « à la tradition de la spiritualité de son pays » en dit long sur le contenu réel et la dynamique qui soutient
le discours d’Onfray . Nul doute que le quotidien catholique ait eu le nez creux en lui donnant cette tribune. Quant à nous faire l’injure de ne pas respecter la volonté du défunt en ce qui
concerne ses obsèques, qu’il me soit permis de faire remarquer à Onfray que c’est au nom de la « tradition de la spiritualité de son pays » que la loi Sueur a réduit la
possibilité de disposer du sort post mortem de sa dépouille, et fait à l’Eglise catholique un joli cadeau. Mais le philosophe se préoccupe t-il des urnes ?