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Publié par Michel GODICHEAU

Je me souviens de mon effroi quand j’ai lu Gilles et Jeanne, puis les minutes du procès de Gilles de Rais. Le malaise fasciné devant Tournier, puis horrifié devant Bataille…
Je revis aujourd’hui cette horreur, décuplée, devant Gaza, un malaise physique qui ne me quitte guère et un malaise philosophique. Non pas que j’aie été surpris par la politique de Netanyahu et par l’ensauvagement de cette armée de droit divin et qui porte l’extermination biblique dans son fondement, mais il existe dans les réactions des politiques qui organisent ou des « éditorialistes » qui soutiennent cette barbarie une sorte de jubilation qui interroge. J’ai visité Tiffauges et Champtocé, l’âme de Gilles y plane encore et les explications plausibles des critiques littéraires, des historiens, des psychiatres, sont seulement là pour tenter de faire rentrer dans l’ordre une monstruosité anthropologique. C’était d’ailleurs, à mon sens, ce que signifiait l’inflexion, à partir des années 1960 du devoir de mémoire sur la Shoah : s’assurer de l’ordre et de ses garants. Lire le procès de Gilles de Rais et visiter Tiffauges dans la foulée, c’est aussi se souvenir de ce que, pour mener devant ses juges Gilles, compagnon d’armes de Jeanne la Pucelle, seigneur haut-justicier, maréchal de France, meurtrier, violeur et éventreur d’enfants, tortionnaire, la cause première ne fut pas une enquête criminelle sur les disparitions : il a fallu qu’il tente d’étrangler un prêtre dans une église. Jusque là, et pendant des années, se constituait la légende de Barbe-Bleue, c’est-à-dire celle de la terreur des métayers des bords de Loire et des bords de Sèvre qui voyaient disparaître à tout jamais leurs enfants par dizaines. La légende de Saint Nicolas c’est cela aussi. Je me suis toujours identifié à ces fermiers et métayers, frères de destin des paysans de Gaza et de Cisjordanie, jamais aux maîtres du Haut-Château que Philip K.Dick a ressuscités en son temps. J’ai parfois l’impression qu’Arthur Seiss-Inquart est vraiment réincarné. Alors, pour les enfants de #Gaza,  Gustav Mahler me paraît approprié et Jessye Norman aussi.
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