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Publié par Michel GODICHEAU

 

 

 

La maison Gallimard est un peu gonflée de vendre cela 13,5 € pour une centaine de pages, c'est le discours de réception de D.S. à l'Académie française. J'ai acheté l'opuscule en le croyant beaucoup moins cher tout en faisant mes courses pour les cadeaux. Mais il est vrai que c'est un achat très solsticial : sa lecture laisse espérer le retour de la lumière.

 

 

L’École continuera à résister tant que les institutrices et les instituteurs (non, ce ne sont pas des anachronismes) trouveront des avocats comme Danièle Sallenave, une ligérienne qui porte l'épée.

Dans son discours de réception à l'Académie française, prononcé le 29 mars 2012, elle fait de Maurice Druon, son prédécesseur, un éloge subtil et parfois un peu féroce. Elle lui rend pourtant grâces d'avoir dressé dans ses mémoires un portrait de son instituteur :

 

«... faisant épeler les petits tandis que les grands résolvaient un problème d'arithmétique […] L'hiver, il rechargeait de temps en temps, avec des bûchettes, le gros poêle de fonte. »

 

Danièle Sallenave voit là davantage qu'une nostalgie :

 

« … ce lien invisible et puissant qui aux deux bouts d'une longue chaîne relie la prestigieuse Académie à une modeste école de village. »

 

Dans sa réponse, Dominique Fernandez regrette avec elle :

 

« … qu'une niaise démagogie ait remplacé, par une ronflante inflation, « instituteur » par « professeur des écoles ».

 

Et lorsque vient le discours à l'occasion de la remise de l'épée, le 29 mars 2012, l'académicienne poursuit :

 

«  Minerve, qui orne mon épée, en grec Athéna, est la protectrice des maîtres et des maîtresses d'école... »

 

Et plus loin en s'approchant de la conclusion :

 

« Je suis née [...] sur les rives d'un fleuve puissant, la Loire. Où pousse, et c'est le second symbole dont mon épée est ornée, la fleur étrange qu'est la fritillaria meleagris, dans les prairies encore inondée de son flot qui vient juste de se retirer.

 

C'est là qu'une chance m'a été donnée : celle de rencontrer très tôt le monde de l'Antiquité, comme beaucoup d'enfants de ma génération, dès l'âge de dix ou onze ans. Elevée par des instituteurs laïques, au cœur d'un monde profondément catholique dont je partageais inconsciemment la culture, sinon la foi […] je suis entrée sans peine, et sans doute n'en suis-je pas ressortie, dans ce qui fait le propre de la pensée antique, et notamment grecque : l'union, à hauteur d'homme, du monde sensible et de la pensée. »

 

 

Et Danièle Sallenave concluait sur ces mots, après avoir évoqué Hegel  :

 

« ...la Loire, entre les bocages qui abritent aussi la chevêche – dont le nom latin est justement Athene noctua... »

 

Madame, ne vous départez ni de votre épée, ni de l'oiseau de Minerve qui s'envole au crépuscule ! Nous y sommes et les instituteurs vont en avoir besoin !

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