La Quinzaine
Maurice Nadeau avait vu juste quand il disait que son journal ne lui survivrait guère, j'ai appris hier que "La Quinzaine Littéraire" de Maurice Nadeau était placée en réglement judiciaire. Je sais qu'une nouvelle société du même nom va naître. On verra bien. J'achetais surtout "La Quinzaine" quand j'étais étudiant, au kiosque de la gare ou à la "Maison de la Presse" : en me promenant. C'est aussi là que j'ai connu "La Raison", "Le Monde diplomatique" et bien d'autres journaux.Mais la diffusion de la presse est moribonde et même les jeunes gens qui distribuent les gratuits ont du mal à placer leur camelote. Je crois que les étudiants ont le droit de se promener, d'acheter des livres et peut-être des revues, qu'ils ne sont pas condamnés à ne venir en ville que pour vomir en groupe deux fois par semaine des restes de dindes (halal) massacrées, pour se dessaoûler devant leur écran le lendemain et troller les coms en défendant le travail du dimanche parce que merde sans ça je gagne que 400 euros par mois. Je crois que la "Quinzaine Littéraire" de Maurice Nadeau était une valeur d'usage qui n'avait un prix que du fait de contingences économiques, je crois que les gratuits n'ont pas de prix, certes, mais peu de valeur d'usage et j'ai vu récemment des dizaines de tous jeunes adultes de Bac-2 à Bac+5 (un peu alcooliques certes, mais ils ont de qui tenir !) prêts à utiliser pour leur vie la moindre parcelle de connaissance, de théorie ou de poésie après l'avoir soigneusement examinée. Cela me semble une justification suffisante pour leur présenter Maurice Nadeau et le laisser parler de Trotsky, Breton, Lautréamont, Elias Canetti et Benjamin Péret...